Selon des analystes, les cours franchiront de nouveau la barre des 70 dollars le baril. L'or noir est chauffé à blanc. Voilà maintenant plus d'une année que les coûts du baril de pétrole oscillent entre 60 et 70 dollars. Si durant ces deux derniers mois les prix ont été stabilisés, il n'en demeure pas moins que cette semaine ils commencent à reprendre leur envol. Ainsi, poursuivant leur progression, enclenchée depuis quelques jours seulement, les prix revenaient hier autour de 68 dollars le baril. A New York, le baril de light sweet crude pour livraison en mai avançait de 38 cents à 67,01 dollars lors des échanges électroniques. Il est monté à 67,19 dollars dans la matinée. Quant au baril de brent, de la mer du Nord, à Londres, il a atteint un nouveau plus haut niveau depuis le 1er février, à 68 dollars. Il n´était alors plus qu´à un dollar et demi de son record historique (68,89 USD) atteint en août 2005 après le passage dévastateur du cyclone Katrina dans le golfe du Mexique. «Les prix du pétrole ont bondi ce (lundi) matin car les fonds d´investissement ont acheté en ce premier jour d´un nouveau trimestre», ont expliqué les analystes de la maison de courtage Sucden. «Les fonds débloquent souvent de l´argent pour investir en début de trimestre et ils semblent avoir décidé de miser davantage sur une hausse continue des prix du pétrole», ont-ils souligné. Néanmoins, d'autres analystes citent les problèmes qui perdurent dans les pays producteurs de pétrole en Afrique et en Orient, à l'instar du Niger et de l'Iran. Les craintes d´éventuelles interruptions de production en Iran, deuxième pays exportateur de pétrole au sein de l´Organisation des pays exportateurs de pétrole après l'Arabie Saoudite, continuaient de pousser les prix à la hausse. Il en est de même pour le Nigeria, le plus gros producteur d´Afrique. La production du Nigeria, soit dit en passant, restait amputée de plus de 20% suite aux attaques menées ces derniers mois par un groupe séparatiste dans le Delta du Niger. Il convient de souligner dans cette optique que ce sont justement les problèmes sécuritaires qui ont poussé la firme Shell à abandonner les champs pétroliers. Ce, en dépit du renforcement des patrouilles navales. En outre, les augmentations successives des prix de l'or noir sont une aubaine pour les pays producteurs de pétrole, notamment l'Algérie qui continue d'engranger des recettes financières considérables. Ainsi, en l'espace de deux mois seulement, les recettes pétrolières ont atteint le cap des 8,5 milliards de dollars. Cette manne financière est peut-être considérée comme un beau cadeau du ciel, cela notamment pour un pays comme le nôtre dont 97% des exportations sont les hydrocarbures. Pour rappel, en 2005, les recettes de l'exportation des hydrocarbures ont rapporté à Sonatrach 44 milliards de dollars. Par ailleurs, les analystes n'écartent pas l'éventualité de voir les cours franchir à nouveau la barre des 70 dollars le baril. Pour le moment, tous les regards sont braqués sur le Nigeria où une rencontre est prévue demain entre les séparatistes et le président nigérian Olusegun Obasanjo, mais peu d´intervenants tablent sur une fin rapide de la crise. Toutefois, même si cette crise arrive à son dénouement, ce qui est d'ailleurs invraisemblable, d'autres facteurs «entravent» la régression des prix. On cite à cet effet, les violences qui persistent en Irak ainsi que les menaces brandies contre l'Iran par le Conseil de sécurité des Nations unies pour qu´il stoppe ses activités d´enrichissement d´uranium. Aussi, l´inquiétude reste également vive au sujet du risque de pénurie d´essence aux Etats-Unis, cet été. Cela, notamment après l´entrée en vigueur de nouvelles normes environnementales pouvant ralentir la production de carburant.