L'Organisation des pays exportateurs de pétrole n'augmentera pas sa production. L'annonce a été faite en prélude de la réunion extraordinaire de l'Opep qui s'est tenue hier à Vienne en Autriche. Dès jeudi, le nouveau président de l'organisation, M.Chakib Khelil avait annoncé la couleur. «L'Opep devrait opter pour le statu quo et voir ce qui va se passer au mois de mars», avait déclaré le ministre algérien de l'Energie et des Mines à la presse. Des propos confirmés le lendemain par le ministre saoudien du Pétrole. Il a exclu une éventuelle augmentation de la production de pétrole de la part de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. La baisse des prix de l'or noir semble constituer une des raisons essentielles de cette décision. «La situation du marché est actuellement solide car l'offre correspond à la demande. Les stocks mondiaux sont en bon état et à un niveau égal à celui enregistré ces cinq dernières années», a estimé M.Ali Al Nouaïmi qui s'adressait aux journalistes. Le prix du baril de pétrole bien que restant à un niveau appréciable, a connu un effritement notoire. Dans la soirée de jeudi, le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en février, accusait un recul de 64 cents. Il coûtait 91,11 dollars. Celui du Brent de la mer du Nord perdait quant à lui 61 cents, atteignant les 91,60 dollars. On est bien loin du record historique du 4 janvier 2008 où le baril de pétrole avait franchi la barre symbolique des 100 dollars, affichant 100,09 dollars. La réunion d'hier a servi à passer au crible la situation d'un marché pétrolier bien confuse mais surtout capricieuse. Un éventuel bond spectaculaire du prix du baril de l'or noir n'étant pas à exclure. Certains analystes prévoient un prix qui avoisinerait les 120 dollars. M.Chakib Khelil ne partage pas ce pronostic. Pas dans l'immédiat, pour le moins. Le nouveau président de l'Opep, qui vient de tenir sa première réunion, estime que «le prix du pétrole ne va pas monter aussi haut». Il juge les cours actuels pas nécessairement élevés. «Si on tient compte de l'inflation, 88 dollars pour un baril en 2008, c'est moins que 40 dollars en 1980, ce qui n'est donc pas aussi élevé que cela. Il faudrait qu'il passe à 120 dollars pour qu'il soit comparable au prix de 1980», a expliqué le ministre algérien de l'Energie et des Mines. Alors, comment mettre plus de pétrole sur le marché dans de telles conditions? De fâcheuses conséquences pourraient en découler. D'ailleurs, plusieurs analystes pensent que vu les capacités actuelles de sa production, l'Opep ne serait pas en mesure d'augmenter son offre. Cependant, les pressions américaines se font de plus en plus fortes sur l'Opep pour qu'elle mette plus de pétrole sur le marché. L'Arabie Saoudite y a-t-elle cédé? Le premier producteur de pétrole, dont le quota est de 8,94 millions de barils/jour, produit actuellement 9,2mb/j. M.Chakib Khelil veut, quant à lui, temporiser. «Une baisse de la production n'est pas possible car elle fragiliserait l'économie mondiale, une hausse est également improbable», a déclaré le président de l'Opep, renvoyant ainsi les deux parties dos à dos. Crise financière aux Etats-Unis, les subprimes, scandale financier de la Société Générale en France...Les Bourses financières mondiales flirtent avec le crash. L'économie mondiale est dans tous ses états. L'Opep ne portera pas le chapeau. «Cela n'a rien à voir avec le pétrole», a tenu à préciser M.Chakib Khelil. Le niveau de production actuelle du brut restera inchangé. L'Opep a parlé d'une seule voix: «Nous étions tous d'accord pour maintenir les choses comme elles sont», a annoncé, à l'issue de la réunion extraordinaire de l'Opep, le ministre du Pétrole du Nigeria. «La décision risque d'être plus difficile en mars», a ajouté M.Odein Ajumogobia, dans sa déclaration à la presse. D'ici là, de l'eau aura coulé sous les ponts et le baril de pétrole aura fait des siennes.