Un véritable drame qui, sans tenir compte du sexe des jeunes consommateurs, interpelle la conscience de ceux qui sont en charge de préserver la santé physique et mentale des écoliers et autres lycéens. Plus de 10% des lycéens de la wilaya de Blida fument. Même les élèves des écoles primaires ne sont pas épargnés, 20% s'adonnent à la cigarette. Avec ses 10.000 morts par jour dans le monde, le tabagisme est, aujourd'hui, classé numéro un parmi les «épidémies» les plus dévastatrices. Sournois, le mal avance à une vitesse telle qu'il n'épargne même pas les enfants. En Algérie, où l'on croyait la consommation de la cigarette circonscrite aux jeunes délinquants, il est effarant de constater aujourd'hui qu'une autre frange juvénile, vulnérable, à savoir les écoliers et les lycéens, soit touchée. Il en est ainsi de Blida, où une enquête récemment menée par le Samu scolaire, sur un échantillonnage de 20 établissements, a révélé que 40 à 50% des lycéens fument. Les écoles primaires ne sont pas épargnées par ce fléau, touchant même des enfants âgés à peine d'une dizaine d'années «certains, très rares heureusement, s'adonnent même à la drogue», nous a confié un éducateur du Samu. Enseignant de son état, notre interlocuteur affirme avoir rejoint cette structure médico-sociale pour avoir été pendant de longues années le témoin impuissant d'une pratique destructrice qui a, au fil du temps, atteint les proportions alarmantes «même les filles fument!», a-t-il tenu à souligner. Dans l'enquête qui vient d'être menée, elles sont, en effet, nombreuses et représentent un peu plus de 15 % des fumeuses recensées. Un véritable drame qui, sans tenir compte du sexe des jeunes consommateurs, interpelle la conscience de ceux qui sont en charge de préserver la santé physique et mentale des écoliers et autres lycéens ; souvent démissionnaires, les parents sont, bien évidemment, les premiers responsables de la dérive de leurs enfants, mais ils ne sont pas les seuls. Accaparée par la mission pédagogique, l'école oublie souvent qu'elle a le devoir d'éduquer les élèves. Soucieux de la réputation de leur établissement, les directeurs et autres proviseurs tentent par tous les moyens d'étouffer le scandale en s'attelant de manière souvent peu cavalière à écarter du troupeau les brebis galeuses. En vain. A la direction de l'éducation de la wilaya de Blida, où l'on s'est pourtant officiellement engagé dans une vaste bataille contre autant de phénomènes répréhensibles que la drogue, le tabac et la violence à l'école, rien ne semble avoir été réellement entrepris. Nous avons sollicité le département des affaires sociales de la wilaya de Blida afin de nous livrer un bilan statistique, malheureusement notre demande est restée sans réponse. L'argument fourni étant l'absence de délégués sociaux dans la plupart des écoles et des lycées, les inspecteurs ont en fait mis en évidence la précarité de la prise en charge de la communauté scolaire, livrée à elle-même et à toutes sortes de vices. «Bien des fois, j'ai fait des leçons de morale à mes élèves, mais sans résultat», avoue, désolé, un éducateur. Sachant très bien qu'il ne peut, faute d'autorité, de moyens et sans doute de savoir-faire, réussir, en tant qu'enseignant, sa mission d'éducateur, il a décidé d'acquérir une plus grande expérience, donc une plus grande aptitude à la sensibilisation des plus jeunes en adhérant à l'Association de la sauvegarde de la jeunesse d'où a émergé le Samu scolaire opérationnel depuis une année. Cette structure ambulante a déjà sillonné plusieurs établissements de la wilaya de Blida pour les besoins de l'enquête, mais surtout afin de sensibiliser les jeunes écoliers et lycéens, sur les dangers de l'accoutumance à la nicotine.