Dans une interview parue, hier, dans la revue Le Grand Continent, le président français, Emmanuel Macron, a détaillé les crises profondes qui ont jalonné l'année 2020. Celle de l'épidémie de Covid-19 et celle du terrorisme. Pour résoudre au mieux ces crises, le président français n'y voit pas d'autre solution que de «réinventer les formes d'une coopération internationale». Sur ce point, Emmanuel Macron est catégorique, quand il affirme que le monde ne pourra jamais vaincre l'épidémie sans une coopération internationale. Quand bien même certains pays découvriraient un vaccin, «s'il n'est pas diffusé à la planète entière», la bataille que mène l'humanité sera perdue car le virus finira par revenir dans certains pays qui n'ont pas accès au remède. Macron estime dans ce sens que l'accès mondial au vaccin anti-Covid sera «un très bon test» pour un «nouveau multilatéralisme», réunissant Etats et entreprises, mais craint que certains pays ne privilégient une «diplomatie du vaccin». «L'idée du bien public mondial, d'avoir un accès mondial au vaccin, veut dire qu'aucun des laboratoires qui développera le vaccin ne se mettra en situation de bloquer l'accès à d'autres laboratoires de production, y compris en surdose, pour les pays en voie de développement», a déclaré le président français. Les craintes exprimées par Macron sont loin d'être une lubie. C'est même un réel danger qui risque de miner davantage les relations internationales. On se rappelle de la guerre entre les pays dont avaient fait l'objet les masques de protection, au début de cette pandémie. Plusieurs pays ont vu leurs commandes de masques en provenance de Chine détournées par d'autres pays, qui ont payé deux à trois fois plus cher pour récupérer leur cargaison. Si des pays volaient les cargaisons de masques, que feraient-ils alors pour le vaccin? «Je ne sais pas si on va gagner cette bataille», s'inquiète le chef de l'Etat, quelques jours après l'annonce d'essais encourageants d'un vaccin conçu par les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech. C'est avec la même coopération internationale que Macron dit combattre le terrorisme, qui, «il ne faut pas oublier que plus de 80% des victimes de ce terrorisme islamiste proviennent du monde musulman». Dans le même entretien, le président Macron a exposé sa doctrine géopolitique, sa vision des affaires mondiales. Aussi, a-t-il plaidé pour appeler à «moderniser» les structures de coopération internationale, estimant que «le Conseil de sécurité des Nations unies ne produit plus de solutions utiles aujourd'hui». Direct, le chef de l'Etat français a clairement souligné que les cadres de la coopération multilatérale sont aujourd'hui fragilisés, parce qu'ils sont bloqués. «Je suis obligé de constater que le Conseil de sécurité des Nations unies ne produit plus de solutions utiles aujourd'hui; nous sommes tous coresponsables quand certains deviennent les otages des crises du multilatéralisme, comme l'OMS par exemple», ajoute-t-il.