Le procès des deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que l'ancien ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaalane, impliqués dans l'affaire de la société Gp Pharma, spécialisée dans l'importation des médicaments et l'industrie pharmaceutique, s'est poursuivi, hier, par l'audition des témoins. Le patron de ladite société, est le défunt ex-ministre de la Poste et des Télécommunication, Moussa Benhamadi, dont l'action publique à son encontre est éteinte suite à son décès du covid-19. Hier, le juge du pôle financier et économique près le tribunal de Sidi M'hamed a interrogé l'ex- P-DG par intérim de Mobilis, Mohamed Habib. Ce dernier a avoué qu'un conseiller de l'ex Premier ministre Abdelmalek Sellal, en l'occurrence Fouad Belkessam, un proche de Moussa Benhamadi, l'avait contacté pour lui annoncer que le «chef», sans toutefois citer le nom de Abdelmalek Sellal, s'inquiétait du retard dans le paiement des factures du fournisseur Condor. Le même témoin a indiqué que le patron de Condor, Abderahmane Benhamadi lui avait envoyé un texto sur son téléphone portable pour s'enquérir des factures non honorées. Il a fait savoir qu'il avait ordonné le paiement de factures impayées de Condor sur la base de la réglementation interne des marchés publics, en signant un avenant de clôture d'environ 430 millions de dinars. D'autres contrats de commandes ont été conclus avec d'autres entreprises privées, dont Iris et ce, dans le cadre de l'instruction du Premier ministre datant du 10 novembre 2015, demandant aux établissements publics, y compris les entreprises publiques économiques d'accorder la préférence à la production nationale(avec une marge de 25%) lors des appels d'offres pour l'acquisition d'équipements de bureaux et de fournitures nécessaires au fonctionnement des services administratifs. Ce témoin a affirmé aussi qu'aucun avantage, de quelque nature que ce soit, n'a été octroyé aux entreprises contractantes, dont Condor. À ce propos, Abdelmalek Sellal a demandé la parole pour apporter un éclaircissement sur son instruction. «L'article 23 du Code des marchés publics de 2010, stipule notamment qu'une marge de préférence de 25% est accordée aux produits d'origine algérienne et que les entreprises publiques économiques son concernées», a-t-il précisé. Interrogé par le procureur sur les raisons de l'échec du 2ème contrat conclu avec Condor portant sur l'achat de téléphones mobiles et des tablettes, lequel, selon le rapport d'expertise, avait occasionné des pertes à Mobilis de l'ordre de 530 millions de dinars, l'ancien P-DG a avancé le fait de «l'instabilité managériale au niveau de ladite entreprise» comme argument. Et de surprendre l'assistance en affirmant que «contrairement à ce qui a été avancé dans l'arrêt de renvoi, son entreprise n'a pas enregistré de pertes, mais a plutôt engrangé un bénéfice de l'ordre de 102 millions de dinars. «Grâce au pack de Condor, Mobilis est même devenue l'opérateur numéro un sur le marché de la téléphonie mobile», a-t-il ajouté. Entendu par le président de l'audience, le président de l'inspection des impôts de Chéraga, lieu de domiciliation de Gp Pharma, a indiqué que son inspection était contrainte d'appliquer les décisions de l' Agence nationale de développement de l'investissement (Andi). De ce fait, il a signé une attestation d'exonération d'impôts sur la base de la liste programme de l'Andi, relative à l'exonération de la TVA d'une valeur de 50 millions de centimes. Mais à partir du 26 décembre 2017, le dossier fiscal de Gp Pharma a été transféré à la direction des grandes entreprises (DGE). De son côté, le directeur régional des Domaines et membre du Comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier (Calpiref), Salah Boualem, a nié avoir délivré le contrat de concession sous la pression. L'ex-wali de Skikda, Hajderi Derfouf, interrogé sur le projet du centre des brûlés, dont la réalisation accuse un grand retard, a indiqué que «la régularisation de la situation financière de l'ensemble des entreprises réalisatrices de projets, dans la wilaya, a été effectuée suite à l'arrivée de la dotation budgétaire au titre de la tranche annuelle». La veille, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, en sa qualité de SG de la wilaya d'Alger au moment des faits, a confirmé avoir signé une décision d'octroi au groupe Benhamadi d'un terrain au niveau de la nouvelle ville de Sidi Abdallah, précisant que le Comité de la régularisation du foncier avait reçu 50 dossiers d'investissement, dont celui du Groupe Benhamadi. La plupart des principaux témoins dans cette affaire, dont l'ancien wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, l'ancienne ministre de la Poste et des télécommunications, Imane-Houda Feraoun, et l'ancien ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, étaient absents.