Abdelmadjid Chikhi poursuit sa mission. Chargé de la question mémorielle par le président de la République, Abdelmadjd Tebboune, il a rencontré, mer-credi dernier des responsables de l'Organisation nationale des moudjahidine. Le conseiller auprès du président de la République, chargé des Archives nationales et de la Mémoire nationale, a examiné avec des membres du secrétariat national de l'ONM des dossiers sur la Mémoire et l'Histoire, a indiqué l'Organisation dans un communiqué. Sur quoi ont porté leurs discussions? La rencontre entre les deux parties «a permis d'aborder des dossiers liés à la Mémoire nationale et à l'Histoire», a précisé la même source, ajoutant qu'«elles ont convenu de coordonner leurs efforts en vue d'une action commune». Evoquer la question de la Mémoire revient incontestablement à remettre en scène les acteurs de la Guerre de Libération nationale. Ceux qui sont tombés les armes à la main pour libérer le pays de plus de 132 années de colonisation aussi féroce que barbare et ceux qui leur ont survécu: témoins précieux de cette page tragique qui lie l'Algérie à la France. «On ne saurait parler et traiter de la Mémoire et de l'Histoire de la révolution sans revenir à ses artisans qui l'ont déclenchée, dont ceux qui sont encore en vie», ont estimé le conseiller auprès de la présidence de la République, chargé des Archives nationales et de la Mémoire nationale et l'ONM qui a estimé que «la première chose à faire avant toute action commune sur le dossier de la Mémoire et de l'Histoire est la criminalisation de la colonisation française à travers l'adoption d'une loi à cet effet à l'Assemblée populaire nationale en réponse à la loi française, glorifiant le colonialisme adoptée par le Parlement français le 23 février 2005». L'ONM durcit donc le ton à un moment où la question de la Mémoire semble faire du surplace, en ce qui concerne la récupération des archives soustraitées par la France coloniale. Evoquer un sujet aussi sensible que celui de la Mémoire revient à convoquer l'histoire tragique qui lie les deux pays. Celle d'une colonisation barbare, d'un processus qui a conduit à spolier les Algériens de leurs terres, à faire voler en éclats une identité qui reste à reconstruire. Une reconstruction qui doit passer par la récupération d'archives qui témoignent de 132 années passées sous le joug de l'une des armées les plus puissantes du monde, d'une administration coloniale qui a réduit les Algériens à un statut de seconde zone, d'indigènes. Où en est-on? «Nous sommes obligés de constater que cela traîne», a déclaré, le 27 octobre, sur les ondes de la Chaîne 3, Abdelmadjid Chikhi, conseiller auprès de la présidence de la République, chargé des Archives nationales et de la Mémoire nationale. «Il y a une résistance viscérale de l'autre côté, comme pour cacher des choses, à vouloir garder un patrimoine à fructifier. Nous sommes victimes de ces résistances, de ces bâtons dans les roues...», a-t-il souligné. Il existe cependant une certaine volonté actuellement chez l'autre partie, pouvant donner lieu à des résultats plus heureux, avait noté l'invité de la rédaction de la Chaîne 3 qui avait indiqué: «Ce n'est pas une entreprise facile», la pandémie de Covid-19 ne facilitant pas une avancée du dossier. Concernant un éventuel contact avec Benjamin Stora, désigné par le président français pour dresser un état des lieux sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, il dira: «Il est animé d'une disposition d'esprit qui pourrait faciliter le dialogue. J'ai bon espoir que cela va démarrer incessamment.» Et la question de la Mémoire? La France doit-elle s'excuser? Abdelmadjid Chikihi soulignera que cela n'est pas dans ses prérogatives. L'ONM a décidé de jouer sur un autre registre.