Les travaux de la 14e session extraordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) s'ouvrent ce dimanche à Johannesburg, sous le thème «Faire taire les armes: créer des conditions favorables au développement de l'Afrique», au moment où de nombreux conflits armés continuent de déchirer le continent. L'UA ne cesse de multiplier les efforts afin d'atteindre l'objectif qu'elle s'était fixé, il y a sept ans, de mettre fin aux conflits, de faire taire les armes sur le continent et d'éviter de léguer guerres et différends aux générations futures, un projet «réalisable», au vu des avancées enregistrées dans la promotion de la paix sur le continent, au cours des dernières décennies, selon les propos du Haut Représentant de l'Union africaine (UA) pour «Faire taire les armes», Ramtane Lamamra, en février dernier, lors du sommet de l'UA à Addis Abeba. Malgré la persistance de l'instabilité dans de nombreux pays africains, Lamamra avait relevé que l'organisation panafricaine «fait face maintenant à moins de conflits qu'avant». En 2004, l'UA était appelée à gérer une trentaine de conflits actifs. D'après le Haut représentant, les causes des conflits sur le continent africain sont variées dont une proportion importante est due à une rivalité ethnique sur la succession politique, à des désaccords sur les modalités de conduite des élections nationales ou sur les résultats des élections, ainsi qu'à des luttes de pouvoir au sein de l'Etat. Des conflits surviennent également en raison de la lutte pour le contrôle et l'accès aux ressources naturelles. La 33e session ordinaire du sommet de l'UA de février dernier fut aussi l'occasion, pour le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de réaffirmer les engagements et les positions immuables de l'Algérie envers le règlement des conflits en Afrique et dans le monde, en affirmant que «la nouvelle Algérie en édification demeurera fidèle à ses principes et engagements et jouera, dorénavant, pleinement son rôle en Afrique et dans le monde». Dans le même contexte, il avait réitéré l'engagement de l'Algérie, «toujours et inlassablement», au soutien des efforts visant l'instauration de la paix et de la sécurité en Afrique. «Notre expérience réussie conforte notre conviction que le règlement des crises dans notre continent passe par la solution pacifique, le dialogue inclusif et la réconciliation nationale, loin de toute immixtion étrangère», avait-t-il, alors, déclaré. Mercredi dernier, lors de son intervention lors des travaux de la 21e session extraordinaire du Conseil exécutif de l'UA, le ministre des AE, Sabri Boukadoum, a abordé le projet africain visant à débarrasser le continent des affres des conflits et des guerres. Il a souligné la nécessité de «reconnaître les efforts consentis par l'UA, de concert avec l'ONU et d'autres parties, pour atteindre ce noble objectif, lesquels efforts, a-t-il dit, ont donné de bons résultats dans de nombreuses zones de conflit en Afrique». «La reconnaissance renouvelée du rôle accompli par notre organisation continentale et l'application du principe ‘'les solutions africaines aux problèmes africains'' en collaboration avec nos partenaires, ont grandement contribué à la réalisation de ces résultats», a-t-il estimé. Toutefois, le chef de la diplomatie algérienne «a déploré le retour des foyers de tension armée dans le continent, voire même des tentatives récurrentes pour défaire le rôle de notre organisation et l'empêcher d'assumer ses responsabilités dans le traitement des causes africaines». Citant le cas du conflit au Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975, Boukadoum a appelé l'UA à assumer sa responsabilité face aux tentatives d'imposer la politique du fait accompli dans les territoires d'un membre fondateur de l'UA. A ce propos, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek a, de son côté, indiqué, devant la 21e session extraordinaire du Conseil exécutif de l'UA, que l'objectif de l'UA visant à faire taire les armes en 2020, se heurtait actuellement à un grand obstacle, celui de l'occupation marocaine illégale de parties du territoire de la République sahraouie, en violation flagrante des exigences de l'Acte constitutif de l'UA, notamment les principes et les objectifs exprimés dans les articles 3 et 4 qui stipulent le respect des frontières existant, l'interdiction de recourir, ou de menacer de recourir, à l'usage de la force entre les Etats membres de l'UA et la nécessité d'un règlement pacifique des conflits. A préciser que le sommet extraordinaire pour «Faire taire les armes en Afrique» sera marqué par l'intervention de plusieurs dirigeants dont le président en exercice de l'UA, le président sud-africain Cyril Ramaphose, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, le président du Conseil de paix et sécurité de l'UA pour le mois de décembre 2020, Moeketsi Majoro, Premier ministre du Lesotho, et Ramtane Lamamra en sa qualité de Haut Représentant de l'UA pour «Faire taire les armes». De plus, un rapport du président de la Commission sur les activités et les efforts visant à faire taire les armes sera présenté par Smaïl Chergui, Commissaire à la paix et la sécurité. Ce dernier avait récemment appelé à «une collecte urgente des armes illicites que possèdent les civils en Afrique», alors que l'UA estime à 40 millions le nombre d'armes actuellement en possession des civils sur le continent. La Commission de l'UA pour la paix et la sécurité estime que seules 5,8 millions de ces armes sont enregistrées officiellement.