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«La situation s'améliore, mais gare au relâchement!» Docteur Aïche-Kadra Sid Ali, maître-assistant anesthésie et réanimation au CHU de Blida, à L'Expression
L'Expression: Comment se présente la situation épidémiologique en Algérie en général et à Blida en particulier? Docteur Aïche-Kadra Sid Ali: Mieux! On a remarqué depuis le début du mois de décembre une tendance à la baisse du nombre de malades au niveau du CHU de Blida. Chose qui semble être le cas à travers les différents hôpitaux du pays. Nous avons quotidiennement des contacts avec nos consoeurs et confrères qui, eux aussi, ont confirmé la diminution du nombre de malades atteints par le coronavirus. On est soulagé, content mais en même temps on reste assez prudent. Car, même si le nombre de cas quotidien est en train de décroître, il reste toujours élevé par rapport à la première vague. Un petit relâchement risquerait de provoquer une recrudescence des cas, ce qui serait une véritable catastrophe. La situation deviendrait des plus incontrôlables. On reste donc sur nos gardes. La pression a-t-elle aussi baissé sur les services de réanimation? D'abord, il faut comprendre que les services de réanimation ne chôment pas. Même quand la situation s'était calmée, nos services connaissaient une grande affluence. Il y a toujours des malades graves et il y en aura, tant que le virus est parmi nous, car il y a une certaine catégorie qui est plus fragile que les autres telles que les personnes âgées, les femmes enceintes et les gens souffrant de comorbidité. S'ils sont contaminés, ils atterrissent presque automatiquement en réanimation. Néanmoins, il est vrai que la demande d'hospitalisation en réanimation a beaucoup diminué. Nos services arrivent plus ou moins à respirer. À titre d'exemple, depuis le début du mois en cours, au CHU de Blida, on a en moyenne quatre demandes d'hospitalisation quotidiennes en REA. Alors qu'au début du mois de novembre, pic de la seconde vague, on était à une moyenne de huit demandes par jour, voire 10. Comment expliquez-vous cette tendance baissière? Il y a d'abord le fait que le gouvernement a pris des mesures de confinements plus strictes. Après le pic du mois de novembre, les autorités ont resserré l'étau en revenant aux sanctions, pour le non-respect des mesures d'hygiène et de distanciation sociale, notamment le port du masque. Toutefois, ce durcissement du confinement n'aurait pas été efficace sans la prise de conscience de la population. On le voit très clairement dans les rues, les gens font plus attention. Ils ont peur de la contamination. D'ailleurs le masque, qui avait presque disparu de l'espace public il y a un mois, est porté par une grande majorité de la population. Cette seconde vague semble avoir été un électrochoc pour les Algériens. Ils ont tous eu un proche qui a été contaminé, décédé pour certains, ce qui les a réveillés sur les dangers de ce virus, ce qui a fait que les gestes barrières sont appliqués de plus en plus. Non pour éviter l'amende de 10 000 dinars, mais afin de préserver leur santé. D'après vous, que doit-on faire pour éviter une nouvelle recrudescence de la pandémie? La première des choses est de se remettre en question. On doit tirer les leçons des erreurs que nous avons faites à la fin de la première vague. Il faut être honnête: autorités, population et personnel médical, on s'est tous plus ou moins relâché lorsque l'épidémie s'est calmée, ce qui a abouti à une deuxième vague avec une explosion des contaminations. Il faut donc s'asseoir autour d'une table et faire son autocritique pour tirer les leçons de nos erreurs et éviter ainsi une troisième vague qui sera plus dévastatrice que les deux premières. Nous devons aussi être vigilants, appliquer les gestes barrières et ne plus se dire que le plus dur est derrière nous, car une nouvelle vague n'est pas exclue en attendant qu'il y ait un vaccin efficace... Justement, êtes-vous confiant par rapport aux vaccins anti-Covid-19? Ecoutez, tant que l'efficacité des vaccins n'a pas été prouvée et que l'Organisation mondiale de la santé ne les a pas approuvés, le seul remède est le respect des règles d'hygiène et de distanciation sociale. Le ministre de la Santé a raison d'être prudent quant à cette histoire de vaccin. On ne connaît pas encore l'efficacité ni les effets de ces vaccins. Il faut continuer à se comporter comme s'il n'y avait pas ce vaccin, c'est-à-dire respecter rigoureusement les règles d'hygiène et de distanciation sociale. On doit apprendre à vivre avec le virus, en faisant des gestes barrières une habitude du quotidien. La conscience collective est, pour le moment, notre seul vaccin!