Le professeur Bouamra, chef du service épidémiologie au CHU de Blida est formel. Les indicateurs de l'épidémie virale plaident en faveur du déconfinement. Le R0, c'est-à-dire le taux de reproduction de base d'un virus, se situe, désormais en Algérie sous le seuil de l'indice 1. Il s'établit désormais à 0,8 alors qu'il caracolait à 3 au début de l'épidémie (un cas testé positif pouvait contaminer 3 personnes). Le taux d'hospitalisation en réanimation est réduit à une moyenne de deux admissions par jour. Le taux de mortalité a baissé aussi à des proportions similaires. "Si on prend en compte ces trois paramètres, le déconfinement est possible, mais par étape", atteste-t-il. "Il n'y a plus lieu de confiner plus longtemps la population dès lors qu'il y a des places en hospitalisation. Le confinement avait pour objectif d'éviter que les structures de santé ne soient débordées", renchérit le Pr Bouhamed. "Il faut néanmoins imposer huit mesures dont le port obligatoire du masque de protection, la désinfection des mains et la distanciation sociale", recommande-t-il. le Pr Sahraoui, président du comité scientifique du CHU de Blida se montre plus circonspect. "Dire que c'est la fin de l'épidémie est une erreur, car cela conduira à un relâchement dans le respect des gestes barrières et conséquemment à un rebond de la circulation du virus", prévient-il. Son confrère, le Pr Bouamra explique qu'il persiste effectivement des foyers du virus à identifier. Il pointe du doigt l'importance des enquêtes épidémiologiques, permettant de déterminer la prévalence du Covid-19 au sein de la population. Il s'agit de savoir dans quelles proportions les Algériens ont été en contact avec le virus sans développer forcément les symptômes cliniques de la maladie. Selon des sources concordantes, les autorités sanitaires recourront à des tests sérologiques, homologués par l'OMS pour déterminer le statut immunitaire de la population. L'opération ciblera, dans un premier temps, le personnel de santé, puis sera élargie à toute la population. Selon les épidémiologistes, le taux immunitaire doit atteindre les 60% pour éviter une potentielle deuxième vague de l'épidémie et pouvoir normaliser le mode de vie sociale et économique. Les études réalisées, jusqu'à présent, en Italie, en Espagne et en France, ont révélé un taux d'immunisation de la population de 6 à 10%.