Malgré la saisie, le 17 mars dernier au port d'Alger, de quinze containers chargés de produits pyrotechniques, le Mawlid ennabaoui 2005 a été fêté, bon gré mal gré, sous un tonnerre de pétards. Les grands centres urbains, notamment la capitale du pays, ont vécu durant la nuit de mercredi à jeudi derniers des « moments de guerre ». Un terme dont usent les jeunes issus des vieux quartiers d'Alger pour qualifier ces moments particuliers. Des quantités inestimables ont été ainsi utilisées par les fêtards qui n'ont pas lésiné sur les moyens financiers. Ils ont eu, surtout, entre les mains des produits jugés dangereux quant à la façon de les utiliser. Plusieurs accidents par l'usage de pétards ont été signalés à travers le territoire national. Par exemple, sept personnes, de tous âges, souffrant de brûlures ont été admises au service des urgences du Centre hospitalier universitaire de Constantine (CHUC). Selon l'APS qui rapporte cette information, sérieusement touchée aux yeux, l'une de ces personnes a même dû être retenue à l'hôpital pour des soins au service d'ophtalmologie. Ce qui s'est passé dans cette grande ville de l'Est s'est reproduit dans les autres villes et villages du pays. Toutefois, le nombre d'accidents n'a pu être établi hier par les organismes chargés de nous fournir des indications, comme la Protection civile, dont les éléments ont enregistré plusieurs interventions durant les dernières 48 heures. Même si l'esprit de fête était au rendez-vous, il n'en demeure pas moins que les dangers liés à la manipulation de ces pétards étaient fréquents. Du moins pour certains types et quantités de produits pyrotechniques. Apparemment, les filières de trafic ont réussi, encore cette année, un grand coup commercial. Pour avoir une idée sur la dimension de ce trafic, à Ghardaïa, les éléments de la police judiciaire de la Sûreté de la wilaya ont saisi 80 000 pétards durant la période allant du 14 au 19 avril auprès des revendeurs à la sauvette se trouvant dans les rues de cette ville du sud du pays. Il faut se rappeler que Sid-Ali Lebib, directeur général des Douanes, n'avait pas hésité, lors de la saisie des quinze containers à Alger, à parler d'une « éventuelle complicité » entre les trafiquants et les agents de l'administration. En tout cas, le commerce de ces produits, pourtant interdit par la loi algérienne, génère des bénéfices se chiffrant à des milliards de centimes. Une quantité de pétards saisie en 2003 à Alger avait été évaluée à deux milliards de centimes. Une loi qui reste donc limitée dans le temps et l'espace quant à ses effets de dissuasion. Le directeur de la communication et des relations publiques des Douanes algériennes, cité par notre confrère Le Soir d'Algérie, indique que les Douanes ont saisi 62 984 720 unités en 2003 et 3 245 263 en 2004. Selon la même source, « ces importantes saisies opérées ces dernières années dénotent que la lutte contre ces produits est de mise ». Néanmoins, des citoyens algériens ne peuvent concevoir un Mawlid Ennabaoui sans pétard. Une rechta ou une chekhchoukha avec simplement des bougies et du b'khor ne suffisent pas à donner l'ambiance de fête.