À l'origine de tous les retards et dysfonctionnements enregistrés, ces dernières décennies dans la gestion des affaires du pays, l'administration gangrenée en profondeur par la bureaucratie, en lit naturel pour la corruption, a permis à l'oligarchie de faire main basse l'ensemble des institutions de l'Etat. À ce sujet, Karim Younès, médiateur de la République, est revenu longuement ce dimanche, lors de son passage à la Radio nationale, sur le rôle de son instance précisant que «le président Tebboune a mis en place la médiation de la République pour promouvoir une gestion rationnelle de l'administration publique et rétablir la relation de confiance et de proximité qui doit exister entre le citoyen et l'administration». Et d'ajouter, «pour donner corps et âme au mot d'ordre de l'Algérie nouvelle, il faut combattre la corruption et les corrupteurs, il s'agit là de la condition nécessaire pour reconstruire une Algérie forte et propre». Il faut dire que l'ampleur des dégâts se fait ressentir fortement après le renversement de l'ancien système, et après l'éclatement des scandales qui continuent de défrayer la chronique chaque jour, renseignant sur la difficulté de renverser cet ordre établi, qui a ruiné le pays. À ce titre, les nouvelles mesures qui s'inscrivent dans la lutte contre ces fléaux, s'articulent, autour de la mise en place de cet outil de contrôle, et d'assistance qu'est la médiation de la République qui vise à éradiquer ces pratiques mafieuses, et conférer aux citoyens la possibilité de se faire entendre. C'est précisément à ce niveau que les bases de la nouvelle Algérie seront édifiées, en totale adéquation avec les attentes des citoyens, et orientées vers l'établissement d'un Etat de droit, où la gestion de l'administration s'accompagne d'un droit de regard du citoyen, en tant que contribuable. Dans ce sens, la présence du médiateur de la République au niveau de toutes les wilayas du pays, procure, en plus d'une image nouvelle du fonctionnement de l‘administration, une certaine sécurité pour les citoyens et pour les élus intègres, qui ont longtemps été marginalisés et sacrifiés sur l'autel du clientélisme, au point où tous les arguments de confiance entre l'Etat et le citoyen, ont été âprement effacés. À ce titre, pour Karim Younès, l'administration a été le «nid de la corruption et de la bureaucratie qui ont sapé les fondements de l'Etat et engendré une défiance entre les citoyens et les gouverneurs». Cependant, le travail de la médiation de la République, se présente comme un réel atout de restructuration de l'appareil administratif, dans la mesure où il s'agit d'un travail de fond, essentiellement dédié à l'écoute du citoyen, et notamment au suivi de l'application des mesures et des décisions du président de la République. Nul besoin de rappeler dans ce sens, que l'année 2020 s'est clôturée sur un bilan mitigé, qui n'a pas manqué de provoquer le mécontentement du président de la République. À ce sujet, le médiateur de la République a fait savoir, que le volume des préoccupations et des requêtes de citoyens fera l'objet d'un rapport qui est en phase de finalisation, indiquant que «le rapport final de son institution est au stade de rédaction finale, pour être remis prochainement au président de la République avant de devenir accessible aux citoyens pour consultation. Ce rapport est élaboré sur la base du travail accompli par la médiation depuis sa création, soit 8797 requêtes, 2 800 audiences et 2023 réunions, à travers ses structures nationales et régionales, et sera accompagné par un travail de statistiques, d'une analyse et des propositions concrètes pour combattre les fléaux observés». Dans le détail, Karim Younes évoque la nature des problèmes rencontrés par les citoyens, entre autres, «la violation des droits des citoyens par l'administration en matière de foncier de logements, d'emplois, de décisions de justice non exécutées, et notamment le manque de réactivité de certaines administrations locales et centrales, concernant les requêtes adressées par son institution». C'est toute la difficulté de la mission de cette instance, qui se heurte à une résistance sibylline de certains élus locaux, au changement, pour lesquels, Karim Younès a dû rappeler l'aspect indépendant de la médiation de la République, précisant que celle-ci «n'est ni un wali, ni un ministre, ni un élu, elle a ses propres prérogatives».