La spectaculaire opération de commando de la résistance palestinienne, dans la nuit de vendredi à samedi à Ghaza, a été durement ressentie par la classe politique et par l'armée israéliennes. Au-delà du bilan de l'opération, au cours de laquelle les Palestiniens sont passés à un niveau qualitatif de la lutte armée, en intégrant la guérilla dans leur résistance à l'exaction des Israéliens. Cette norme usitée dans les guerres de libération était réputée inapplicable dans des territoires aussi restreints que les territoires Palestiniens occupés. Si aujourd'hui les Palestiniens se tournent vers ce choix, c'est que l'Etat juif ne leur en a pas laissé d'autres pour parvenir à un consensus équilibré dans le dossier du Proche-Orient. Aussi, le durcissement de l'Intifadha est-il à imputer totalement à la partie israélienne incapable de proposer des solutions acceptables par les Palestiniens qui restent dans leur droit de combattre par tous les moyens pour recouvrer leur souveraineté. Or, depuis sa prise de pouvoir en février dernier, le chef du gouvernement de la coalition Likoud-Travaillistes, Ariel Sharon, s'est donné pour priorité de détruire l'Autorité autonome palestinienne du président Arafat. Ainsi, l'armée israélienne s'est singulièrement acharnée sur les services de sécurité de l'Autorité autonome. C'est encore le siège de la police palestinienne qui a été rasé hier par l'armée israélienne en représailles de l'opération de commando qui a coûté la vie à cinq soldats israéliens, en donnant les F16 et les chars d'assaut contre les institutions de l'Autonomie palestinienne. Cependant, la communauté internationale n'a toujours pas réagi face à cette incongruité : Israël détruit les services de sécurité palestiniens et dans le même temps Sharon «exige» du président Arafat d'assurer la police et la «sécurité» dans les territoires. N'est-ce pas plutôt la reddition de Yasser Arafat, c'est-à-dire, des Palestiniens, que veut Ariel Sharon? Pourtant, il y a une vérité que l'on ne peut ni ignorer ni minimiser le droit des Palestiniens d'ériger leur Etat indépendant dans les territoires occupés. Ce n'est à l'évidence pas à cela que pensait George W.Bush lorsqu'il demandait au président palestinien de faire «100%» d'efforts pour mettre un terme à la violence «terroriste» palestinienne. Outre l'utilisation des mêmes termes que les Israéliens, le président américain démontre une méconnaissance outrancière de la problématique proche-orientale. La position américaine sur le dossier du Proche-Orient ne répond pas à la pondération attendue du parrain du processus de paix qui fait cause commune avec l'une des parties au conflit. L'attitude américaine actuelle est totalement improductive et n'est d'aucun secours pour le retour au calme dans les territoires occupés.