Avec la ferme détermination d'empêcher les Palestiniens de reprendre leur souffle et penser à trouver une issue politique à la situation explosive qui caractérise les territoires actuellement, Israël multiplie ses attaques armées. Les forces israéliennes, qui opèrent depuis samedi dans la région de Chedjaiya, quartier populeux situé à l'est de la ville de Ghaza, ont tué 7 Palestiniens et blessé des dizaines d'autres. Plusieurs chars et blindés couverts par des hélicoptères d'assaut et des drones ont fait irruption dans la nuit de samedi dans la partie est de ce quartier, situé à moins de 2 km de la ligne séparant la bande de Ghaza du territoire israélien. Un militant du Hamas atteint par des éclats d'une roquette air-sol lancée par un hélicoptère d'assaut a été tué dans la nuit de samedi à dimanche. La même nuit, un Palestinien de 50 ans a été tué et 9 autres ont été blessés, dont deux cameramen de télévision. Le journaliste Fadel Shanaa de Reuters TV et un autre cameraman de la compagnie Media group palestinienne ont été grièvement blessés par l'explosion du missile qui a touché leur jeep blindée. Pourtant, le véhicule ciblé appartenant à Reuters TV portait des inscriptions bien lisibles sur le toit, les flancs ainsi que le capot. Le tir a également blessé une femme et un enfant. L'armée israélienne explique que sur le véhicule a été visé parce qu'il se déplaçait de manière suspecte dans une zone de combat et n'avait pas été identifié comme une voiture de presse. « Au cours de l'opération, a eu lieu une attaque aérienne contre un véhicule suspect qui circulait de manière suspecte près des forces », a déclaré une porte-parole de l'armée, le capitaine Noa Meir. « Cette voiture n'a pas été identifiée par l'armée comme étant un véhicule de presse », a-t-elle ajouté. « Si des journalistes ont été blessés, nous le regrettons. » Hier, dans le même secteur, 5 Palestiniens dont 4 membres appartenant à la force de soutien, récemment mise en place par le ministère palestinien de l'Intérieur, formé de militants du Hamas, ont été tués par un tir de roquette air-sol à partir d'un drone. Au moins 193 Palestiniens et un militaire israélien ont péri dans les opérations militaires israéliennes lancées le 28 juin dans la bande de Ghaza pour récupérer le caporal Gilad Shalit, capturé trois jours plus tôt à la lisière de la bande de Ghaza par des résistants palestiniens et mettre fin aux tirs de roquettes artisanales palestiniennes contre le sud d'Israël. Ces nouveaux décès portent à 5352 le nombre de morts depuis le déclenchement de l'Intifadha en septembre 2000, en majorité des Palestiniens. Ghazi Hamad, le porte-parole du gouvernement a affirmé, hier, que le caporal Shalit était « sain et sauf », soulignant que les « efforts se poursuivent en vue d'un échange » de prisonniers. D'un autre côté, la libération, dimanche, des deux journalistes de Fox News, l'Américain Steve Centanni et Olaf Wiig, cameraman néo-zélandais, enlevés le 14 août à Ghaza, acte qui a suscité un fort malaise dans la société palestinienne, a été ressentie comme un soulagement. « Je suis si heureux d'être libre, parce qu'il y a eu des moments où je pensais que j'allais mourir », a confié Steve Centanni. Le Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh a affirmé peu après la libération que les ravisseurs n'avaient « pas de lien avec Al Qaïda ». « Je ne pense pas que les ravisseurs étaient liés à Al Qaïda. Ils ne sont pas Al Qaïda et ils n'ont pas de lien avec Al Qaïda », a-t-il dit à la presse. Sur le plan interne, alors que les problèmes sociaux dus à la crise économique étouffante, secondaire à l'embargo international et au blocus israélien ne semblent pas près d'être résolus, la scène politique ne semble pas mieux lotie. Les appels à la formation d'un gouvernement d'union nationale restent pour l'instant des déclarations non suivies d'actions concrètes sur le terrain. Les agressions israéliennes quotidiennes, l'embargo, la paralysie du gouvernement, la misère, la pauvreté et l'anarchie qui règnent dans les territoires, surtout, dans la bande de Ghaza, menacent la poursuite du projet national palestinien, qui n'a jamais été autant en danger. La seule issue est de mettre, enfin, les agendas particuliers des uns et des autres au placard en optant pour celui des intérêts nationaux du peuple palestinien.