Le flou et le suspense continuent à être entretenus. La liste des concessionnaires et des constructeurs ayant bénéficié d'agrément, qui devait être dévoilée le 17 janvier, l'a finalement été le lendemain sans que l'identité des heureux élus, qui se comptent sur les doigts d'une seule main, ne soit révélée. Un secret jalousement gardé. Pas question d'épiloguer là-dessus. Limitons-nous à la communication du secteur concerné. Le ministre de l'Industrie, Ferhat Aït Ali Braham, a signé lundi (18 janvier, Ndlr) les autorisations provisoires d'importation de véhicules neufs pour quatre concessionnaires, sur avis du Comité technique chargé de l'examen et du suivi des dossiers relatifs à l'exercice de cette activité, indique un communiqué de son département. Pas de quoi pavoiser. La montagne a vraisemblablement accouché d'une souris. Un petit retour sur un feuilleton qui n'est pas encore sur le point de tirer à sa fin, confirme un tel constat. Une plateforme numérique a été lancée le 20 septembre, pour l'introduction en ligne des demandes d'agrément provisoire et définitif ainsi que les demandes d'avis technique pour l'exercice des activités de construction de véhicules et de concessionnaires de véhicules neufs. L'opération semblait démarrer sur les chapeaux de roue, au point où l'on avait l'impression de se bousculer au portillon. 84 préinscriptions formulées par 140 opérateurs économiques, à la plateforme numérique des constructeurs automobiles et des concessionnaires de véhicules neufs, avaient été enregistrées par le ministère de l'Industrie, au 1er octobre. Le département de Ferhat Aït Ali avait livré le bilan de cette opération: 133 préinscriptions ont été enregistrées pour l'activité de concessionnaires de véhicules neufs (tous types confondus) et 51 préinscriptions ont été enregistrées pour l'activité de construction de véhicules (tous types confondus), à la fin des deux dernières semaines, selon un communiqué rendu public le 3 octobre. La répartition des préinscriptions à ce dispositif par domaine d'activité, avait fait état de 40 demandes pour l'automobile, 37 pour les motocycles, 15 pour les camions, 12 pour les engins roulants, 10 pour les tracteurs et matériels agricoles, six pour les bus et autocars, cinq pour le matériel des travaux publics et quatre pour les tracteurs routiers et quatre autres pour les semi-remorques, soit un total de 133 demandes. Il faut admettre, quatre mois plus tard, que la moisson est dérisoire, d'autant plus qu'aucun constructeur n'a été retenu, sachant que c'est dans la filière de la construction automobile que l'Algérie trouvera son compte tant sur le plan de la création d'emplois que celui des rentrées de devises en se projetant à plus ou moins moyen terme, vers l'exportation. Pourquoi un tel couac? Ferhat Aït Ali a-t-il mis la barre trop haut? Le climat des affaires que l'on disait assaini continue-t-il à rebuter les investisseurs étrangers? La refonte du Code de l'investissement ainsi que la suppression de la règle des 51/49, devaient pourtant rendre encore plus attrayant un marché de l'automobile qui ne manque pas d'arguments. Autant de questionnements qui taraudent les médias et l'opinion publique. La démarche actuelle du ministère de l'Industrie pour relancer la filière de l'automobile est sous le feu de la critique. Le département de Ferhat Aït Ali y voit une «campagne tendancieuse» orchestrée pour nuire à sa démarche. «Certaines parties, tant internes qu'externes, aux intérêts contraires à ceux de l'économie nationale, et contrariées dans leurs démarches passées et projections futures, alimentent une campagne tendancieuse, à travers certains médias dans le but, vain, d'influer sur la démarche du ministère de l'Industrie dans le sens d'un cheminement non conforme à la réglementation édictée par les pouvoirs publics à cet effet», déplore-t-il dans un communiqué. Le bilan est pourtant là. Il ne reflète aucunement les ambitions de l'Algérie qui a certainement besoin de bien plus de quatre concessionnaires pour relancer l'industrie automobile.