Dans son rapport remis au président français Emmanuel Macron, l'historien français Benjamin Stora, chargé des «questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie», a préconisé, dans ses recommandations, le retour des harkis en Algérie. Dans sa recommandation, Benjamin Stora a émis le souhait de voir les autorités françaises aborder la question des harkis, avec leurs homologues algériens. Dans sa 9e recommandation, Benjamin Stora a préconisé de «voir avec les autorités algériennes le possibilité de faciliter les déplacements des harkis et de leurs enfants, entre la France et l'Algérie». En contrepartie, il propose l'organisation, cette année, d'un colloque international dédié aux anticolonialistes français, à l'instar de François Mauriac, Raymond Aron, Jean-Paul Sartre, André Mandouze et Paul Ricoeur. Dans son rapport sur le poids des symboles, Benjamin Stora propose de multiplier les commémorations, en ajoutant à la date du 19 Mars 1962, journée de la proclamation du cessez-le-feu, après la signature, la veille, le 18 mars, des accords d'Evian, la date du 17 Octobre, date de la répression d'une manifestation pacifique d'Algériens à Paris et celle du 25 septembre qui sera une journée d'hommage aux harkis. Du donnant, donnant! Une manière de rejeter la balle dans le camp algérien. Une façon d'exercer une pression sur Alger afin de l'amener à revoir sa position de principe sur les harkis. Pour rappel, le président Macron avait marqué sa volonté d'engager la France dans ce travail et de trouver les moyens pour que la France et l'Algérie oeuvrent ensemble à ce que les hommes et les femmes qui sont nés en Algérie et qui veulent pouvoir y revenir, quelle que soit leur histoire familiale et personnelle avec ce pays, puissent le faire. À ce sujet, le chercheur en histoire, Mohamed El-Korso, a estimé, dans un entretien accordé à un média national, que «la France veut faire de la question des harkis un problème fondamental, une espèce de noeud gordien entre les deux pays», ajoutant qu'«en mettant l'accent sur les harkis, on essaie, en fait, de nous mettre, nous Algériens, en position d'«accusés», en ce sens que si demain le dialogue sur les mémoires traîne et n'avance pas, l'alibi sera vite trouvé du côté français, en pointant du doigt la responsabilité de l'Algérie qui aura refusé de «faciliter les déplacements des harkis et de leurs enfants entre la France et l'Algérie», tel que le préconise le rapport Stora, d'autant que Abdelmadjid Chikhi, conseiller auprès du président de la République, chargé des Archives et de la Mémoire nationale, a affirmé que le dossier des harkis était «hors des discussions, d'autant que leur départ en France a été un libre choix», dans une interview à la revue de l'armée El Djeich, de novembre 2020. «La scène française est une question interne qui ne nous concerne en rien; pour nous, notre vision est claire et notre perception ne souffre d'aucun amalgame, concernant le dossier de la mémoire» a-t-il expliqué. «Il revient aux Français de se réconcilier avec leur histoire, pour nous, il n'est pas possible d'oublier ce qui s'est passé pendant l'époque coloniale ou de se tenir indifférents vis-à-vis des génocides commis à l'encontre des Algériens et nul ne peut nous le demander», avait insisté Abdelmadjid Chikhi, même si le travail de tout historien est de rechercher, de connaître et de faire connaître le passé, sans parti pris idéologique ni falsification. Sur un autre registre, l'Organisation nationale des moudjahidine a dénoncé, dans un communiqué, daté du 10 juillet 2018, les demandes françaises concernant la restitution des biens des colons et le retour des harkis en Algérie. L'ONM a considéré que «ces dossiers sont clos et ne peuvent servir de moyens de pression sur l'Etat algérien».