Ils recèlent une richesse incommensurable sur tout ce qui a trait à la culture, à l'histoire, à la littérature et à la langue amazighe. Les livres de Younès Adli, sans exception aucune, sont le résultat d'un long et titanesque travail de recherche et d'écriture que l'auteur a toujours mené avec abnégation, mais aussi et surtout avec une rigueur d'universitaire, intransigeante. C'est la raison pour laquelle les lecteurs en ont pris conscience et dès qu'un nouveau livre de Younès Adli est mis sur les étals des librairies, il est vite pris d'assaut par les lecteurs avertis qui savent que posséder et lire un livre de Younès Adli est sans conteste d'un apport immense pour sa culture générale concernant plusieurs aspects de l'amazighité. Jusqu'à il y a quelques jours, aucun des livres de Younès Adli n'était disponible en librairie pour la simple et bonne raison qu'il n'en restait plus après que tous les exemplaires édités se soient vendus souvent dans des délais record. Une louable initiative C'est donc une louable initiative que celle qui a été prise par Younès Adli consistant à rééditer certains de ses livres malgré le contexte actuel de crise sanitaire qui a impacté négativement le marché du livre de manière générale. Les livres de Younès Adli que les lecteurs peuvent désormais trouver en librairie, sont les deux tomes de «La pensée kabyle» ainsi que des «Igeliden aux Sultans». Le livre intitulé «La pensée kabyle» est l'ouvrage le plus important de Younès Adli. Ce livre se décline en deux tomes. Il a été tiré de la thèse de doctorat en langue, littérature et société de Younès Adli. La présentaion de cet ouvrage très précieux explique que dans ce dernier, l'auteur a suivi et analysé les réflexes de préservation de la pensée kabyle aux XVIIIe et XIXe siècles. «Si peu connue et pourtant si typique dans le monde musulman, cette pensée est d'abord présentée à l'intérieur de ses frontières régionales, à travers des corpus religieux, sociopolitique et culturel, et ensuite à l'extérieur, dans de nouveaux espaces comme ceux des villes ou encore de l'émigration, de l'exil et de la déportation», est-il indiqué. La critique et la pensée Cette pensée, rappelle l'auteur, est portée par des hommes de culte: «Une pensée critique s'affirmera et prônera de véritables réformes à l'intérieur du pays. Sidi M'Hemed Ben-Abderrahmane, le fondateur de l'ordre religieux de la Rahmaniya, optera ainsi pour le retour aux origines pour signifier el-Islah, c'est-à-dire le réformisme en Islam. Houcine El-Warthilani élargira la critique aux comportements politiques et sociaux, tout en défendant la sainteté locale d'une certaine hégémonie des orientaux». Younès Adli explique en outre qu'avec ces deux acteurs religieux, coïncide le moment ou est apparu chez les cheikhs kabyles, le souci d'un islam qui tend à se suffire à lui-même et à échapper à la suprématie spirituelle de l'Orient. «Sur le plan sociopolitique, la Kabylie était parvenue à se donner la possibilité d'une gouvernance sans Etat. Cette organisation politique était accompagnée d'un système législatif élaboré au niveau de chaque microcosme villageois et qui a permis aux djemaâ de se doter d'un pouvoir et d'une puissance civile et morale plutôt que militaire et répressive», ajoute Younès Adli en précisant que sur le plan culturel, la pensée kabyle a promu des valeurs, considérées comme des invariants, à l'exemple de la suprématie du spirituel sur le matériel. «De hautes idées philosophiques sont venues s'y greffer, et laânaya, qui garantit la protection de la personne humaine dans les conditions les plus extrêmes, reste un degré d'humanisme que peu de sociétés ont atteint. Des fondements solides À l'extérieur, l'épreuve des espaces nouveaux (déstabilisants comme ceux des villes, de l'émigration et de l'exil, et destructeurs comme ceux de la déportation), a permis de démontrer les fondements solides de cette pensée qui a fermement résisté et laissé des traces à partir desquelles la reconstitution de certains de ses éléments reste encore possible. Enfin, la prise en considération du cas kabyle par le mouvement scientifique du XXe siècle puis son introduction dans les sciences sociales, demeure une forme de reconnaissance de cette pensée et de son apport aux études qui se sont penchées sur l'évolution des groupes humains à travers le monde», rappelle encore l'historien. Pour rappel, Younès Adli est également l'auteur de nombreux autres livres d'une valeur inestimable, malheureusement épuisés et non réédités. On peut citer: «Si Mohand Ou Mhand, errance et révolte», «Les Nubel» (roman historique), «La Kabylie à l'épreuve des invasions», «Si Mohand, crépuscule de printemps» (avec Youcef Necib et Kamal Yahiaoui), «Arezki L'Bachir, histoire d'honneur»...