Le plus ancien détenu du Hirak, Walid Nekiche et son codétenu, Kamel Bensaâd, ont quitté, hier, la prison d' El Harrach, sous les ovations et des slogans triomphalistes d'une foule présente en cette heureuse circonstance. Le procès s'est poursuivi au tribunal criminel de Dar El Beïda jusqu'à une heure tardive dans la nuit de lundi à mardi, par des plaidoiries d'environ une vingtaine d'avocats de la défense. La présidente de l'audience a prononcé une peine de six mois de prison ferme, assortie d'une amende de 20000 dinars contre Walid Nekiche. Il est poursuivi pour plusieurs et lourds chefs d'accusation: «complot contre l'Etat», «atteinte à la sécurité nationale», «incitation des citoyens ou des habitants à porter les armes contre l'autorité de l'Etat», «organisation secrète de correspondances à distance susceptibles de porter atteinte a` la Défense nationale», «distribution et possession de tracts pouvant porter atteinte à l'intérêt du pays». L'arrêt de renvoi évoque aussi son appartenance au mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK). En fin de compte, il a été acquitté pour toutes les accusations relevant du criminel. La chambre criminelle près le tribunal de Dar El Beïda n'a retenu contre lui que l'accusation de «distribution et possession de tracts pouvant porter atteinte à l'intérêt du pays». Son coaccusé, Kamel Bensaâd, a été acquitté par le même tribunal. Par conséquent, les deux détenus qui, ont déjà purgé la peine prononcée, ont pu quitter, hier, la prison d'El Harrach. Il faut noter qu'un tel réquisitoire, sans précédent du procureur n'a jamais été prononcé, depuis le début des procès intentés aux détenus du Hirak. Le procureur de la République avait requis, durant l'audience d'avant-hier, la réclusion à perpétuité à l'encontre de ce détenu. Le parquet a requis la même peine à l'encontre de Kamel Bensaâd, issu de la même localité que Walid Nekiche(M'kira, dans la wilaya de Tizi Ouzou). À titre de rappel, Walid Nekiche a été arrêté lors de la marche des étudiants à Alger, le 26 novembre 2019 et placé sous mandat de dépôt par le tribunal de Bab El Oued. Il a passé une semaine de garde à vue au siège de la direction générale de la sécurité intérieure (Dgsi), à Ben Aknoun. Lors de son audition, Walid Nekiche a affirmé qu' «il a subi des sévices sexuels, des agressions physiques et verbales durant son interrogatoire», selon le Comité national pour la libération des détenus(Cnld). La torture est prouvée et nous l'avons dénoncée», a affirmé son avaocate, Me Nabila Smaili. La défense avait dénoncé le fait qu'aucune suite n'a été donnée aux nombreuses plaintes déposées contre la torture et les sévices sexuels qu'aurait subis le détenu, lors de sa garde à vue. Les avocats se sont accordés à dire que le dossier est vide et que les accusations ne s'appuient sur aucun fait tangible. Toutes les accusations consignées dans l'arrêt de renvoi ne sont pas justifiées. «Elle se basent sur des aveux extorqués sous la terreur et un traitement cruel », dénonce-t-on encore. L'expertise effectuée sur son téléphone portable n' a trouvé aucune trace sur les supposés «appels à porter les armes contre l' Etat», ou sur les prétendues «photographies expédiées a son ami espagnol, fonctionnaire à l'ambassade d' Espagne en Algérie. Son lien organique avec le mouvement pour l'autodermination de la Kabylie n'est pas encore prouvé.