Karim Younès désigne l'ennemi public numéro un. Pour lui, il ne s'agit ni plus ni moins que de... la corruption et la bureaucratie! Le médiateur de la République, qui poursuit sa grande tournée à travers le pays, était, jeudi dernier, dans la wilaya de Médéa. L'occasion pour lui de «dégainer» une nouvelle fois contre ces fléaux qui gangrènent le pays. Cette -fois, il est même monté d'un cran dans cette «guerre» qu'il a déclarée depuis plusieurs semaines, avec la bénédiction du président Tebboune. Ainsi, pour Karim Younès c'est carrément la stabilité du pays qui est menacée! «La corruption et la bureaucratie peuvent être plus dangereuses que l'ennemi intérieur», a-t-il affirmé. «Toute forme de corruption ou de bureaucratie engendre des tensions sociales ou met en péril la stabilité du pays et de ses institutions», a-t-il soutenu avant d'expliquer que ce «cercle vicieux» ternit l'image de nos institutions. «L'abus d'autorité qui se manifeste dans le comportement et la conduite de certains représentants de l'administration a favorisé la dilapidation des richesses du pays», estime-t-il. «Mais plus grave encore, cela a terni l'image de nos administrations, dégradant ainsi la relation entre les citoyens et ces mêmes administrations», a ajouté le médiateur de la République non sans qualifier la corruption de «nouvelles fonctions politiques». Il appelle donc les citoyens à ne pas avoir peur de dénoncer ce genre d'abus assurant que l'instance qu'il dirige est là pour les aider à mettre fin à cette «hogra». D'ailleurs, il insiste sur le fait que ses hommes et lui à travers les représentations locales dans les 48 wilayas du pays, sont en ordre de bataille contre ce «monstre» tentaculaire. «Le médiateur de la République entend participer pleinement, en vertu de ses missions, à atténuer les pressions sociales et économiques qui s'exercent sur le citoyen», insiste-t-il. «Il doit dénoncer, chaque fois qu'il constate, toute forme de corruption ou de bureaucratie à même d'engendrer des tensions sociales ou mettre en péril la stabilité du pays et de ses institutions», poursuit-il. Surtout que, pour Karim Younès, l'Algérie traverse un contexte très particulier et sensible. Il demande donc à ses équipes d'être à l'écoute des citoyens et les aider à ne pas être «avalés» par la machine bureaucratique. «Le contexte général du pays nous impose de prendre une part active à la résolution des problèmes soulevés par les citoyens, de proposer des solutions susceptibles d'aider à la prise en charge de ces problèmes», souligne-t-il, précisant que cela doit, toutefois, se faire dans la limite de leurs prérogatives. Il rappelle, dans ce sens, que le délégué n'est ni wali, ni juge, ni avocat des citoyens et de l'administration, mais plutôt un cadre supérieur de l'Etat désigné par le président de la République pour aider les citoyens. «On doit alors faire au maximum pour contribuer à l'amélioration des conditions de vie des citoyens sans dépasser les limites que nous confère la loi», rétorque-t-il. Toutefois, l'ex-coordinateur du panel de dialogue et de médiation estime que son Instance ne doit pas se contenter que du règlement des conflits. Elle doit aussi avoir un rôle d'orientation et de conseil pour les autorités afin d'améliorer la vie publique. «Le médiateur de la République ne ménagera aucun effort pour faire profiter les pouvoirs publics de ses réflexions, suggestions ou propositions pouvant aider à la prise en charge des revendications et des requêtes des citoyens», assure-t-il. D'ailleurs, un rapport incluant une série de propositions et de solutions sera transmis, dans ce sens, prochainement au président de la République. La corruption et la bureaucratie seront certainement au centre de ce rapport. Les adeptes de veilles pratiques n'ont qu'à bien se tenir...