Chassez le naturel, il revient au galop! Les dangereuses querelles de chapelle réveillent les démons. Après une brève accalmie ponctuée par le renouvellement des instances dirigeantes, les vieux démons semblent se réveiller au sein du parti du Front de Libération nationale (FLN) et du Rassemblement national démocratique (RND). La stabilité est loin d'être l'apanage de ces deux formations qui ressemblent de plus en plus à un capharnaüm où tout le monde est contre chacun. L'approche des élections législatives et locales, prévues cette année, semble remettre au goût du jour la contestation interne qui ne fait qu'envenimer la situation déjà assez complexe et délétère, au sein de ces partis, où la colère est inversement proportionnelle à la durée qui les sépare de ces rendez-vous électoraux. Certes, la colère couve beaucoup plus au FLN qu'au RND qui vivent ces derniers temps au rythme de manoeuvres, d'intrigues et de lutte d'intérêt. Mais il n'en demeure pas moins qu'aussi bien Abou El Fadhl Baâdji, secrétaire général du parti du FLN, que Tayeb Zitouni, son homologue du RND, sont sur la sellette. Les militants des deux partis sont sur des charbons ardents. La fronde! Selon certaines sources, des membres du comité central du FLN auraient lancé une opération de collecte de signatures pour destituer l'actuel secrétaire général du parti à un moment où la situation au sein du bureau politique a atteint un état de non-retour. Une situation aggravée par le boycott des réunions du bureau à l'ombre des divergences entre certains membres dudit-bureau et Abou El Fadhl Baâdji. Certaines sources médiatiques avancent même le chiffre de 200 signatures. Un processus initié, selon les mêmes sources, par Mohamed Alioui, membre du bureau politique et secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens. Et dire que Mohamed Alioui avait soutenu la candidature de Abou El Fadhl Baâdji au poste de secrétaire général du parti. Entre-temps, la terre a été retournée. C'est la saison des semailles. En effet, le mandat de l'actuelle direction du parti a expiré en mai 2020 avant d'être prorogé de 6 mois par le comité central pour préparer le congrès du parti en novembre 2020. Point de congrès. Et les statuts sont clairs: il n'est permis de la prolonger que de 6 mois, comme le précise l'article 29. En outre, les «frondeurs» reprochent à l'actuelle direction la tenue d'une session extraordinaire de son comité central en mai dernier, alors que l'interdiction des réunions publiques et des rassemblements en raison du risque de propagation de la Covid-19, était toujours en vigueur. L'autre irrégularité reprochée à Abou El Fadhl Baâdji est d'être passé outre les décisions du parti en n'installant pas le comité préparatoire du 11e congrès du parti. Ce qui place le FLN en porte-à-faux avec le règlement intérieur en vigueur. Devant ces irrégularités, les «frondeurs» tentent de tenir une session d'urgence du comité central. Deux options se dégagent pour l'heure: l'élection d'un nouveau secrétaire général par intérim ou la désignation d'une direction collégiale qui dirigera le FLN jusqu'à la tenue du prochain congrès. D'un point de vue juridique, l'actuelle direction n'est plus légitime. Une fronde qui risque de s'accentuer dans les prochains jours, notamment après l'adoption du projet de loi organique modifiant et complétant la loi organique relative au régime électoral et l'annonce de la date de la tenue des élections législatives et locales devant être sanctionnées par des institutions démocratiquement élues. Une perspective qui n'échappe pas à certains membres du Rassemblement national démocratique qui vit également des soubresauts internes même si la position de Tayeb Zitouni est plus confortable, en dépit des efforts déployés pour le destituer. Selon les observateurs, le RND n'arrive pas à se débarrasser du legs de son ancien secrétaire général, Ahmed Ouyahia, qui l'a dirigé pendant plus de deux décennies. Le nouveau secrétaire général fait face à une résistance au sein du parti, d'autant plus que Tayeb Zitouni ne représentait pas un courant fort au sein du parti, du fait qu'il avait accusé l'ancien Premier ministre de diriger le parti avec des méthodes staliniennes, entre autoritarisme et népotisme. Des accusations qui risquent de faire tache d'huile puisque lui-même est accusé d'être atteint du «syndrome» Ouyahia. Une certitude: l'heure est aux préparatifs. Une agitation qui n'est pas sans réveiller les vieux démons de la division. La course aux listes électorales paraît rude pour beaucoup de postulants à la candidature. Pour y parvenir il faudra d'abord éliminer les résistances internes.