Décidés à travailler ensemble, à renforcer la coopération entre les deux pays et à solder le passé douloureux de la colonisation, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron multiplient les contacts et les concertations. Hier, le président français a, de nouveau, pris son téléphone pour appeler son homologue algérien. Selon un communiqué de la présidence de la République, lors de cet entretien, les deux chefs d'Etat «ont passé en revue les perspectives du développement des relations bilatérales». Ils ont convenu de «poursuivre la coordination entre les deux parties en vue de booster la coopération bilatérale dans divers domaines et rapprocher les vues sur certains dossiers», a précisé encore le communiqué. Cet échange entre les deux présidents était programmé depuis un mois. Le 25 janvier dernier, rappelons-le, quelques jours seulement après la publication du rapport Stora, le président français avait appelé le chef de l'Etat qui poursuivait son traitement pour des complications post-Covid en Allemagne. Il s'était alors enquis de son état de santé, l'avait félicité de son rétablissement, mais lui avait fait part aussi «de sa volonté de retravailler à nouveau ensemble sur des dossiers d'intérêt commun, notamment sur les enjeux économiques, régionaux et le dossier mémoriel». Le président Tebboune l'avait assuré alors de sa disponibilité à travailler sur ces dossiers à son retour en Algérie. Parmi les dossiers prioritaires entre les deux rives de la Méditerranée, figure l'épineuse question de la «réconciliation des mémoires». Une question qui continue de susciter débat et passion. Surtout après la remise de Benjamin Stora de son rapport au président Macron. Désigné comme expert afin de dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et dresser un état des lieux précis du regard porté sur ces enjeux de part et d'autre de la Méditerranée, Stora a remis le 20 janvier dernier son rapport qui a soulevé de vives critiques, aussi bien en Algérie qu'en France, notamment pour ne pas avoir préconisé des «excuses» de Paris pour les crimes de la période coloniale. Mais pour l'heure ni le président Abdelmadjid Tebboune ni le directeur des Archives nationales Abdelmadjid Chikhi, chargé d'un travail parallèle sur la question mémorielle, ne se sont encore exprimés sur le sujet. Pour Chikhi, le rapport de Stora est une question «franco-française» et le plus important pour l'Algérie est de récupérer la totalité des archives de la période coloniale. La France n'a pour l'heure restitué à l'Algérie qu'une partie des archives qu'elle conservait. Va-t-elle aujourd'hui répondre à cette exigence? Une action qui pourrait s'inscrire dans les actes «symboliques» qu'a promis Emmanuel Macron de prendre pour réconcilier les mémoires. Un acte qui sera certainement salué même si le Quai d'Orsay a formellement exclu de présenter les «excuses» réclamées par Alger. La remise des archives pourrait bien marquer un pas vers l'apaisement comme le souhaitent les deux présidents. Outre ce dossier brûlant de la mémoire, les présidents Macron et Tebboune se concertent sur de multiples dossiers économiques, mais aussi sur des questions régionales. Il a, peut-être, été question lors de cet échange d'une nouvelle programmation de la visite du Premier ministre, Jean Castex, et du chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, envisagée le 18 janvier avant d'être annulée. D'ailleurs, l'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, reçu vendredi par le président du Sénat français, Gérard Larcher, a réitéré la disponibilité de la partie algérienne à consolider la coopération bilatérale dans tous les domaines, conformément à la volonté exprimée par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron.