Les cinéphiles ont retrouvé, ces derniers jours, avec un plaisir certain, le chemin de la cinémathèque d'Oran qui a fait l'objet d'une «opération de rénovation» qui a duré près d'une année. Ce retour, quoique timide, des spectateurs, a eu lieu à la faveur du Festival culturel espagnol, dont les initiateurs ont programmé une série de films de la nouvelle vague de réalisateurs ibériques. Les habitués de ce lieu hautement culturel qui a vu défiler, par le passé, de grands noms du 7e art national et mondial, ont très vite déchanté devant la qualité des travaux de ce temple du cinéma. Même si la salle a changé de look avec, notamment, des fauteuils plus confortables qui font oublier les sinistres chaises en plastique et inconfortables et qu'un système de climatisation a été placé, nombreux sont ceux qui considèrent que le musée du cinéma d'Oran mérite mieux. Certains problèmes n'ont pas trouvé, apparemment, une solution radicale comme l'éternel problème d'infiltration des eaux pluviales que l'entrepreneur avait essayé de camoufler à l'aide d'un faux-plafond. Aux premières pluies, le hall se trouvait inondé et le faux plafond en garde encore les séquelles. Les murs commencent également à faire paraître des traces d'humidité alors que ce hall devait servir de support pour des expositions de peinture et autres activités artistiques. Restent aussi les problèmes de l'appareil de projection et de sonorisation ne répondant pas aux normes techniques requises. De l'extérieur, rien ne distingue la cinémathèque des autres magasins du quartier: un vulgaire grillage sert d'entrée et de sortie à ce lieu. Aucun panneau n'existe pour afficher les programmes de la semaine et la grande enseigne lumineuse a disparu pour être remplacée par une autre en plexiglas aussi banale qu'insignifiante. Ces travaux, pilotés par la Direction de la culture de la wilaya d'Oran qui a choisi, après avis d'appel d'offres, l'entrepreneur en question, ont coûté la bagatelle de 2 milliards de centimes. Pour rentrer dans ses frais, l'entrepreneur qui a importé ses fauteuils d'Espagne a tout simplement réduit le nombre de places qui est inférieur à celui qui existait auparavant. Les autorités locales, tout comme les responsables de cette salle, ne savent, apparemment, pas comment la rentabiliser, à l'heure où Oran manque cruellement d'espaces culturels et de rencontres. Le Musée du cinéma continue à assurer une seule séance par jour, dans l'après-midi, à l'heure où tout le monde est occupé par ses affaires quotidiennes. Le vendredi, les portes sont tout simplement closes, alors qu'une autre salle, gérée par un privé et projetant des films vidéos et des VCD fait un tabac, le même jour, avec les enfants, dont nombreux sont accompagnés de leurs parents. Un exemple à méditer.