L'audience d'hier a été consacrée à la lecture d'un rapport de cinq experts qui ont confirmé l'authenticité des signatures de sept des huit accusés. La défense de Saddam Hussein a présenté hier sa liste de témoins au Haut Tribunal pénal irakien, en attendant de croiser le fer avec l'accusation qui a accumulé des preuves contre le président déchu et ses sept coaccusés dans l'affaire du massacre de chiites dans les années 1980. Avant l'annonce de l'ajournement du procès au 15 mai, le principal avocat de la défense, Khalil Al-Doulaïmi, a présenté au tribunal une liste de témoins, en demandant de la garder secrète pour des raisons de sécurité. Le tribunal n'a pas précisé si ces témoins seront entendus dès le 15 mai. La liste, inscrite sur huit feuilles, a été présentée sous une enveloppe scellée et Me Doulaïmi a demandé de «garder les noms secrets en raison des menaces éventuelles et des conditions de sécurité actuelles». «Nous avons reçu des milliers de personnes voulant témoigner, mais nous n'en avons sélectionnées que quelques-unes pour la bonne marche de la justice», a-t-il dit, et Saddam Hussein n'a pas pu s'empêcher de demander «combien». «Plus de soixante», a répondu Me Doulaïmi. La 23eme audience du procès, ouvert le 19 octobre, a été consacrée à la lecture d'un rapport de cinq experts qui ont confirmé l'authenticité des signatures de sept des huit accusés, y compris celle du président déchu Saddam Hussein, sur des documents relatifs au massacre de villageois chiites de Doujaïl, une localité située au nord de Bagdad. Seule la signature d'un ancien responsable local du Baas, Mezhar Abdallah Roueid, n'a pas été authentifiée, selon ce rapport. Les documents examinés sont relatifs au massacre de 148 chiites après un attentat contre le cortège de Saddam Hussein en 1982. Tous les accusés étaient présents. Ils plaident non coupables mais risquent la peine de mort si leur responsabilité est prouvée. Au cours de l'audience, le procureur général Jaâfar Al-Moussaoui a présenté une nouvelle preuve: l'enregistrement d'une conversation téléphonique entre Saddam Hussein et l'ancien vice-président, Taha Yassine Ramadan, sur la destruction des vergers de Doujaïl, une mesure de punition collective prise par les autorités de l'époque. On y entend notamment Taha Yassine Ramadan parler des plans de l'opération et Saddam Hussein recommander de dédommager les propriétaires. Barzan Al-Tikriti, demi-frère de Saddam Hussein et chef des renseignements à l'époque des faits, a longuement pris la parole pour contester le rapport. «J'étais sûr que le résultat serait identique même si on avait fait appel à cinquante experts (...). La décision a été prise et elle est contre nous. Elle est motivée par des considérations purement politiques», a-t-il dit. Lors de la dernière audience, mercredi, le juge avait accepté la demande de l'accusation qui souhaitait que cinq experts vérifient la signature de l'un des accusés. L'accusation voulait s'assurer de l'authenticité du seul document signé par Mezhar Abdallah Roueid. A deux reprises, les experts avaient conclu, lors de précédentes audiences, à l'authenticité de la signature de Saddam Hussein et de plusieurs de ses coaccusés sur des documents liés au massacre. Les avocats avaient exigé des experts étrangers, affirmant que ceux appelés à analyser les documents soumis par l'accusation étaient liés aux autorités. L'audience a coïncidé avec une flambée de violences qui a fait 15 tués et près de 100 blessés, la plupart dans une série de sept attentats à la voiture piégée à Baghdad, selon des sources de sécurité. Ces violences sont venues rappeler au Premier ministre désigné, le chiite Jawad Al-Maliki, la nécessité de procéder rapidement à la formation d'un gouvernement capable de juguler les violences et de rétablir la sécurité. M.Maliki est appelé de tous les côtés à former une équipe d'unité, notamment par des responsables américains, le président George W.Bush en tête.