Ne perdant rien de sa pugnacité, l'ancien président irakien a accusé les Américains de mensonges et affirmé avoir été torturé. Le procès est renvoyé au 24 janvier La septième audience du procès du président irakien déchu, Saddam Hussein, et de ses co-accusés s'est déroulée cahin-caha, mercredi et jeudi avant d'être renvoyée au 24 janvier par le Haut tribunal pénal irakien. Lors de l'audience de jeudi l'ex-président irakien s'en est pris copieusement aux Américains les accusant de mensonges et surtout de l'avoir «battu et torturé» maudissant les Bush, père et fils, de même que l'homme politique israélien, Shimon Peres. Très pugnace, Saddam Hussein a choisi l'attaque faisant peu cas des questions du tribunal, donnant l'impression de vouloir conduire le procès à son rythme, se présentant même comme victime. Tout comme lors de la journée précédente, celle de jeudi a été consacrée aux dépositions de témoins et aux interventions des accusés dont l'ancien président irakien. D'emblée, ce dernier s'en prend aux Américains, affirmant qu'ils l'ont battu et torturé, et qu'il en porte encore «les traces physiques», ce qui constitue une première quant aux conditions de détention de l'ex-dictateur, nonobstant les démentis américains sur cette affaire. Après ces accusations, le juge d'instruction chargé de l'enquête, Raed Al-Jouhi a déclaré qu' «aucune plainte pour mauvais traitement n'a été déposée au cours de l'instruction. Mais je vais enquêter à ce sujet» précisant, «cela fait partie de mon travail de demander à chacun des accusés s'il a été victime de mauvais traitement et jusqu'à maintenant je n'ai reçu aucune plainte, ni de la part des accusés, ni de la part de leurs avocats», a-t-il ajouté. Lors de son intervention de jeudi, Saddam Hussein a déclaré: «Ce sont (les Américains) des menteurs et la Maison-Blanche est le menteur numéro un au monde» indiquant: «Ils avaient menti en disant que l'Irak avait des armes chimiques. Ils ont encore menti en prétendant que je n'avais pas été battu» et de poursuivre: «Dans la démocratie américaine, qui a montré son vrai visage dans le grand Irak, Saddam Hussein a été privé de porter sa montre. Ma (vieille) montre a été volée avec mon argent et ma fille qui a été contrainte à l'exil, m'a fait cadeau d'une montre et ils l'ont prise». et d'ajouter parlant de lui, comme il le fait depuis le début du procès, à la troisième personne «La dishdasha (robe traditionnelle irakienne) qu'il (Saddam Hussein) portait, a été déchirée par ceux qui croyaient ainsi humilier sa personne» provoquant le rire dans la salle d'audience et faisant réagir son demi-frère Barzan Al-Tikriti qui demanda au juge kurde, Rizkar Amine, de faire cesser ces rires. Toutefois, se tournant vers son demi-frère, Saddam Hussein l'apostrophe «laisse les singes rire sur leurs arbres, le lion n'en a cure». Intervenant une nouvelle fois après la déposition d'un témoin, Saddam Hussein, qui s'estime victime d'un complot israélo-américain, attaque les Bush et Shimon Peres les invectivant: «Peu m'importe si Peres veut venir me juger, qu'il soit maudit, lui et sa faible entité (l'Etat d'Israël). Maudit soit Bush et maudit soit son père avant lui». Saddam Hussein est jugé, rappelle-t-on, pour le massacre de 148 villageois de Doujail, affaire que de nombreux Irakiens estiment mineure en comparaison d'autres forfaits attribués au régime de Saddam Hussein, à l'instar de la guerre avec l'Iran, l'invasion du Koweït, le gazage de la population de Halabja, au Kurdistan irakien, ou le déplacement de centaines de milliers de chiites. De fait, beaucoup d'Irakiens ne voient pas l'intérêt d'avoir centré le procès sur un crime certes condamnable mais relatif par rapport aux forfaits, autrement plus graves, dont s'est rendu coupable le régime du Baas sous la conduite de Saddam Hussein. Il n'en reste pas moins que Saddam Hussein et ses co-accusés risquent la peine de mort dans l'actuel procès. Par ailleurs, le collectif des avocats de l'ancien président irakien a annoncé hier avoir déposé plainte devant la justice irakienne suite aux tortures subies par leur client depuis le début de sa détention. «Saddam Hussein a été gravement torturé au début de sa détention et j'ai vu des traces de contusions sur son corps», a déclaré Me Khalil Al-Doulaïmi à la presse à son arrivée de Jordanie. «Ils continuent de le torturer (et), ses droits sont totalement violés» a affirmé l'avocat cité par des agences. «J'ai déposé plainte formellement et demandé à la justice irakienne d'ouvrir une enquête», a-t-il ajouté et Me Doulaïmi d'affirmer: «Le procès est une farce et sera une marque de honte dans l'histoire des Etats-Unis». De fait, après sept audiences, le procès de Saddam Hussein et de ses co-accusés n'a rien révélé de consistant ou propre à provoquer l'intérêt pour un procès, à la marche cahotante qui reprendra le 24 janvier prochain.