Il estime qu'il faut donner aux Algériens les moyens de rendre plus performant l'appareil national de production. La double casquette de capitaine d'industrie et député indépendant à l'Assemblée nationale donne toute sa crédibilité au discours de Mohamed Djemaï lorsqu'il s'agit de débattre de la question socio-économique. A ce propos, sur la très médiatique question des salaires, le politique qu'il est «emprunte» l'expertise de l'industriel pour assurer qu'une revalorisation des rémunérations des travailleurs est loin d'être une «aventure» comme le soutient le gouvernement, appuyé par nombre d'organisations patronales. Libre en tant qu'homme d'affaires et en tant que député et n'obéissant à aucune chapelle ni lobby, le député assène que l'augmentation des salaires est un moyen efficace pour booster la machine économique nationale. M.Djemaï apporte ses arguments: «une pareille éventualité aura pour effet de tirer la consommation vers le haut, pour la simple raison qu'elle est synonyme d'une amélioration du niveau de vie. Cet état de fait conduit nécessairement à une progression significative de la production des entreprises qui verront leur cahier de commandes autrement mieux fourni.» En fait, défenseur de l'économie de marché et du libéralisme économique tous azimuts, le député-homme d'affaires apporte la preuve que, quelque part, une pareille démarche n'est pas antinomique avec l'amélioration des conditions de vie des citoyens. Contrairement aux thèses officielles qui conditionnent l'évolution sociale par une meilleure performance de la machine économique, le député Djemaï estime donc qu'il faut donner aux Algériens les moyens de consommer plus pour rendre plus performant l'appareil de production nationale. Une éventualité qui émanerait des opérateurs étrangers à miser sur un marché dynamique où la consommation se pose comme un moteur économique. Et à en croire M.Djemaï, le pari est réellement à portée de la main, pour la simple raison que «l'Algérien est un bon consommateur». Ainsi, Mohamed Djemaï apporte la contradiction à ses pairs et au gouvernement sur une question nationale. C'est, dira-t-il, «le propre de tout débat». La démocratie dira-t-il, «c'est d'abord la confrontation des idées». Et sur ce plan, l'invité de L'Expression apporte une contribution importante à la vie de la nation, puisqu'il passe pour être le membre de l'Assemblée nationale qui a adressé le plus important nombre de questions orales au gouvernement. «Ma démarche tient du fait que le rôle du député est d'interpeller l'Exécutif sur toutes les questions d'intérêt national. Et à chacune de mes interventions, j'apporte mes arguments....». Cela pour dire que l'on est peut être plus efficace en ces temps de nécessaire relance économique, lorsqu'on touche au monde des affaires et à celui de la politique. Il en ressort un discours réaliste et humain. Un ministre-homme d'affaires? «Sans demander un poste pareil, je dirai que ce ne serait pas une mauvaise chose pour le pays», conclut notre invité.