Lors de sa dernière réunion consacrée à la Libye et au processus de réglement de la crise, selon la feuille de route délivrée à la Conférence de Berlin sous l'égide des Nations unies, le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé son soutien aux nouvelles autorités issues du forum de dialogue politique libyen (FDPL), réuni à Tunis puis à Genève. Le gouvernement qui en a découlé, ainsi que le Conseil présidentiel en lieu et place du GNA sortant que dirigeait Fayez al Serraj, ont pour mission principale d'organiser des élections générales fixées au 24 décembre prochain. Mais il leur faut, pour cela, parvenir à imposer le départ de tous les mercenaires et soldats des forces étrangères présentes en Libye, au niveau de plusieurs bases pour l'essentiel situées en Cyrénaïque. L'envoyé personnel du Secrétaire général Antonio Guterres, Jan Kubis a répété, à maintes reprises, que ce départ est un impératif absolu mais au sein du Conseil de sécurité, comme sur le terrain, des résistances manifestes et des protestations sont observées, les pays concernés réclamant le départ de leur adversaire comme préalable. Il faudra au gouvernement libyen prendre le taureau par les cornes et imposer son autorité souveraine tant le calendrier s'avère extrêmement serré, décembre n'étant pas, au bout du compte, très éloigné par rapport aux nombreux défis qui se posent. Toujours est-il qu'après les avancées déjà enregistrées, depuis que le FDPL, une nouvelle ouverture est apparue, hier, avec l'annonce de la libération de 120 prisonniers ayant combattu dans les rangs de l'armée nationale libyenne autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar, lorsqu'il a lancé son offensive contre la capitale Tripoli en avril 2019, par les nouvelles autorités, en guise de signal pour une véritable réconciliation nationale. Cet élargissement est intervenu à la faveur d'une cérémonie organisée par les autorités de la ville de Zawiya, située à 45 km à l'ouest de Tripoli, et dont les milices ont activement participé, aux côtés de celles de Misrata et de Zintan, à la lutte contre Daesh lorsqu'il occupait Syrte, en 2016, puis contre les forces de Haftar durant leur assaut dans l'Est du pays. Tous membres de la brigade 107 de l'ANL autoproclamée, ils ont été faits prisonniers au moment des combats qui opposaient les forces des autorités de l'Est représentées par Haftar et celles du GNA. Des discours ont été prononcés lors de la cérémonie, axés sur la nécessaire réconciliation nationale qui constitue une condition majeure pour le succès des élections législatives et présidentielle prévues à la fin de l'année en cours. C'est ainsi qu'un des deux vice-présidents du Conseil présidentiel, Abdallah Ellafi, a exhorté les uns et les autres à «aller de l'avant pour reconstruire le pays», tout en louant les bienfaits de la réconciliation nationale à cet égard. En guise d'illustration de cette profession de foi, les prisonniers ont aussitôt retrouvé leurs familles, invitées pour la circonstance. Rappelons qu'en décembre dernier et au début de l'année en cours, deux autres échanges de prisonniers ont déjà eu au profit de plusieurs dizaines de prisonniers, selon les termes de l'accord de cessez-le-feu conclu par la commission militaire conjointe composée de cinq membres de chaque camp. Ainsi, malgré les entraves et les soubresauts, les choses avancent dans le bon sens, en Libye.