Malgré les multiples appels, sans cesse réitérés ces derniers jours, par l'ONU et ses diverses organisations pour un respect du cessez-le-feu en Libye, les combats n'ont pas cessé autour de la capitale où les affrontements ont connu même un regain de violence, avec l'attaque, voici deux jours, d'un important hôpital par l'armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar. Hier, on apprenait que les forces loyales au Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale et présidé par Fayez al Serraj se sont emparées de deux villes stratégiques qui étaient aux mains de Haftar. Ces deux villes se situent, non loin de la frontière tuniso-libyenne. Dans un communiqué, l'état-major basé à Tripoli a annoncé par l'intermédiaire de son porte-parole le général Mohamed Gnounou: «nos forces ont pris le contrôle de Sorman et Sabratha (sises respectivement à 60 et 70 km à l'ouest de la capitale) et elles pourchassent les milices terroristes (c'est-à-dire les éléments pro Haftar) actuellement en fuite». Les forces loyales au GNA, constituées pour l'essentiel par les milices de Misrata, Zintan et Zawiya, ont publié, sur leur page Facebook, des photos de leur butin de guerre, représentant des blindés, des lance-roquettes Grad, des chars et des véhicules armés. Les deux villes côtières, Sabratha et Sorman, étaient contrôlées jusqu'alors par d'autres milices salafistes qui avaient rejoint les forces du maréchal Khalifa Haftar, au moment où il a lancé son offensive contre Tripoli, en avril 2019. Le président du Conseil présidentiel et Premier ministre du GNA, Fayez al Serraj, a confirmé, de son côté, dans un autre communiqué, la reprise de ces deux villes, se félicitant chaudement de l'«échec», vingt-quatre heures plus tôt, d'une attaque des milices du maréchal Haftar contre Abou Grein, une ville stratégique située entre Syrte et Misrata, à l'est de Tripoli. Un officier du GNA, Mohamed al Gamoudi, a apporté quelques éclaircissements, en précisant que les combats ont duré au moins six heures du GNA et qu'ils étaient soutenus par des raids aériens avant que ne tombent les villes de Sorman et Sabratha sous le contrôle de Tripoli. Hier encore, aucune réaction n'est venue de la part de l'état-major de Khalifa Haftar, basé à Benghazi, alors que ce nouveau revers montre à quel point la situation reste enlisée et que la perspective d'une issue pacifique à la crise est rien moins qu'improbable. En témoigne le faible écho obtenu par les multiples appels de la Mission des Nations unies en Libye (MANUL) qui tente, vaille que vaille, de maintenir la dynamique de son action dans l'espoir de parvenir à une solution politique du conflit, sur la base d'une conférence inclusive, réunissant tous les protagonistes de la crise. L'Onu est cependant freinée dans cet élan par la pandémie du nouveau coronavirus qui n'influe nullement sur la poursuite des combats entre les deux principaux belligérants.