Quelle parade face à la «traditionnelle» flambée des prix du Ramadhan? Aussi efficaces soient-elles, les mesures prises par les pouvoirs publics butent à chaque fois sur la mafia de la spéculation. Des Algériens ont alors décidé de prendre les choses en main. Ils ont lancé des appels au boycott des produits dont les prix connaissent une hausse inexpliquée. «Notre salut vient de nous-mêmes», s'écrient les initiateurs de cette campagne qui est en train de prendre de l'ampleur sur les réseaux sociaux. Leur idée est simple: «Acheter le strict minimum durant les trois ou quatre premiers jours du mois sacré afin d'obliger les commerçants à revoir leurs prix à la baisse!». Logique! Car, quelle que soit l'emprise des spéculateurs sur le marché, ils ne peuvent rien contre la règle de l'offre et de la demande. Si une grande partie des citoyens adhérait à cette démarche, les marchands se retrouveront avec de grandes quantités d'articles entre les mains, sans pouvoir les écouler. «Ils devront casser les prix, surtout que la majorité des produits concernés est périssable et ne peut être conservée longtemps», expliquent ceux qui mènent campagne sur la Toile. Ils demandent donc à leurs compatriotes d'être des consommateurs responsables pour montrer que désormais ce sont eux qui mènent la danse. Des hashtags sont, d'ailleurs, en train de «fleurir» dans ce sens. Les plus populaires sont #manachriche (je n'achète pas), # khalihatarcha (laisse-la pourrir), #AnaLiAndicidi (c'est moi qui décide) ou encore #consommateur conscient. Dans le monde virtuel, beaucoup ont fait part de leur volonté de suivre ce mouvement qui semble en marche. Rien ne dit que ce sera la même chose dans le réel. On a déjà vu des campagnes du genre «exploser» sur le Net sans qu'elles n'aient d'impact réel sur le terrain. Toutefois, les internautes se montrent, cette fois-ci, très confiants. Pour eux, les choses ont changé depuis la dernière campagne de boycott du poulet. Lancée au mois de mars sur le Net, elle a été relativement suivie par les Algériens. «On a montré que si on était solidaire, les choses peuvent changer», soutiennent-ils assurant qu'il semble y avoir une prise de conscience collective. Pour les sceptiques, ceux qui ont pris la «cause» à bras-le-corps ne manquent pas d'arguments. Ils «inondent» la blogosphère de plaidoiries dignes de grands bâtonniers. «Le mois de Ramadhan ne doit pas se résumer à des tables bien garnies. On peut se contenter du strict minimum tant que les prix restent inaccessibles à toutes les bourses», soutiennent-ils. «On ne va pas mourir de faim, l'essentiel est de se remplir l'estomac», ajoutent-ils soulignant le fait que cette patience leur fera vivre un Ramadhan de façon encore plus spirituelle. Un courage, qui, selon eux, finira par donner vite ses fruits. «On sait que les prix ont tendance à augmenter les premiers jours qui coïncident avec la frénésie des achats. Ils finissent par baisser automatiquement. Ne les laissons pas nous déplumer», conseillent-ils. De plus, ils rappellent que le jeûne a souvent un effet d'achats compulsifs. «Le Ramadhan est le mois de tous les gaspillages. On achète avec les yeux plus grands que le ventre. Une grande partie de cette nourriture finit aux ordures», se désolent-ils appelant à bannir ce type de comportements. «Même si l'on ne boycotte pas, se contenter de ce que nous avons besoin pour le f'tour permettra un tant soit peu de faire pression», rétorquent-ils. «En Europe ou en Amérique, ils ont droit à des promotions pour le Ramadhan ou autres fêtes religieuses, chez nous les prix doublent. Pourquoi?», s'interrogent ces Algériens qui ont décidé de dire non à ce diktat. Un cri citoyen...