Les Etats-Unis s'apprêtent à jeter au coeur des débats une nouvelle suggestion qui pourrait sauver les meubles. Alors que le Conseil de sécurité s'apprête à rendre son verdict historique par rapport au dernier rapport de Kofi Annan, SG de l'ONU, sur le Sahara occidental, un climat d'incertitude et de morosité règne dans les camps des réfugiés. Jusqu'où pourrait aller cette institution onusienne dans sa sentence? C'est la question que se posent les Sahraouis réfugiés au camp 27-Février et à El Ayoun, même si les visages reflètent un amalgame incompréhensible, à la fois de générosité d'accueil mais aussi de profonde inquiétude quant à l'avenir que réserve le Conseil de sécurité de l'ONU au dossier sahraoui. Il faut reconnaître que les Sahraouis ne s'attendaient à aucun miracle, mais l'espoir est toutefois permis chez certains d'entre eux. Les dernières informations ayant filtré, rapportées par le secrétaire général de la présidence sahraouie, Daf Mohamed Fadel, se référant à certains bruits ayant précédé la réunion du Conseil de sécurité, les Etats-Unis d'Amérique s'apprêtent à jeter au coeur des débats une nouvelle suggestion qui pourrait sauver les meubles. A cette information qui, selon toute vraisemblance, demeure au stade d'hypothèse, le secrétaire général de la présidence sahraouie n'ajoutera aucun mot, se gardant de précipiter les événements. Mais, d'après lui, le trio Maroc, France et Espagne ne se décident pas encore à baisser les bras pour laisser fonctionner la locomotive de la légalité internationale. Une donne qui explique une atmosphère de doute et une prévision d'incertitude quant à la suite du scénario au sein de l'instance onusienne, seule capable, au stade où sont les choses, de statuer sur l'avenir de la question sahraouie. Ce n'est pas tout, selon Daf Mohamed Fadel, la visite, il y a quelques jours, du chef de la diplomatie française à Alger va peser également de tout son poids sur les débats et la tournure que pourrait prendre la question. En d'autres termes, la France après avoir tenté en vain de redresser la barre à Alger et relancer le traité d'amitié, une mélodie qui n'est pas encore du goût d'Alger, devrait opposer son veto et faire tomber à l'eau, encore une fois, une opportunité pour faire avancer le dossier Sahraoui. La position française et espagnole n'est pas une nouveauté aux yeux des sahraouis, mais, l'ONU, en dépit de toute pression, doit nager même contre vents et marées pour faire appliquer ses dispositions au profit du peuple sahraoui, explique le bras droit de Mohamed Abdelaziz. A entendre les Sahraouis, citoyens et responsables, le ton est loin d'être conciliant. D'autant plus que dans les territoires occupés, la flamme ne s'est pas encore éteinte depuis la publication des grandes lignes du rapport de Kofi Annan. L'onde de choc pourrait donc atteindre, si le Conseil de sécurité approuvait Annan, les territoires libérés et les camps de réfugiés. Une éventualité qui n'a pas été d'ailleurs exclue récemment, à partir de Madrid lors de la conférence internationale sur la question sahraouie, par le président sahraoui lui-même. «Nous ne conseillons pas au Conseil de sécurité d'approuver ledit rapport, car nous sommes un peuple colonisé et affaibli, mais si nous n'arrivons pas à recouvrer nosdroits légitimes par les voies pacifiques, nous serons obligés de défendre ces droits par la lutte armée». Pour le président sahraoui, l'ONU doit «assumer son entière responsabilité». A les voir regroupés autour d'un thé, mais surtout à les entendre parler du nouveau recul de l'ONU, les esprits des Sahraouis sont d'ores et déjà échauffés par le dernier rapport de Annan. A quelques heures seulement du verdict historique du Conseil de sécurité, le climat dans les camps de réfugiés est similaire au calme qui précède la tempête qui a déjà pointé à l'horizon non-lointain des territoires occupés. La balle est dans le camp du Conseil de sécurité. A l'heure où nous mettons sous presse, aucune information n'a encore filtré quant à la sentence de cette institution onusienne.