La balle est dans le camp de cette institution, seule en mesure de réitérer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Le secrétaire général des Nations unies, censé veiller à l'application de la légalité internationale, mission que lui offre son poste, renvoie, encore une fois, le règlement de la question sahraouie aux calendes grecques. Au stade où sont les choses, la balle est dans le camp du Conseil de sécurité, en réunion hier pour l'étude du rapport de Kofi Annan, seul en mesure de sauver les meubles et réitérer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Un droit qui a été pourtant reconnu par les instances et les dispositions onusiennes, mais gelé par les calculs des uns et les intérêts des autres. Les résolutions 1495 et 690, approuvées par ce Conseil recommandent l'organisation d'un référendum libre et démocratique par lequel les Sahraouis pourront décider de leur destin. A la veille de l'entrevue du Conseil de sécurité, consacrée au rapport du SG de l'ONU sur le Sahara occidental, le chef de la diplomatie algérienne Mohamed Bedjaoui s'est entretenu hier avec Kofi Annan, une information rapportée par la Mission permanente algérienne auprès de l'ONU. Le but n'est autre que de réitérer la position de l'Algérie et son respect de la légalité internationale. Sans l'ombre d'un doute, la position de l'Algérie est irréversible sur le dossier sahraoui. Laquelle position est en faveur d'une solution par la voie référendaire pour l'autodétermination sous les auspices des Nations unies, et l'application des décisions de la communauté internationale. Il faut dire qu'après l'annonce des grandes lignes du rapport de Kofi Annan, le conflit a pris une tournure inquiétante. Désavoué par le SG de l'ONU, le président sahraoui Mohamed Abdelaziz a rejeté en bloc le plan Annan et a clairement menacé de reprendre la lutte armée. Kofi Annan a-t-il donc l'intention, sous les pressions franco-marocaines, d'enterrer le plan Baker? Cette feuille de route historique, appuyée sans relâche par l'Algérie au même titre que la communauté internationale, préconise, rappelons-le, un référendum d'autodétermination après une période d'autonomie de 5 ans. Il n'est pas question donc aujourd'hui, après des allers et retours d'avoir à l'autre bout de la table le Maroc comme négociateur, clame haut et fort le président de la République arabe sahraouie démocratique. Seul, le plan Baker pourrait constituer le début de la fin d'une époque de colonialisme. Or le royaume chérifien, soutenu par l'Hexagone, s'embourbe de plus en plus dans un entêtement contraire à toutes les conventions universelles. Cette fois-ci, Kofi Annan est allé très très loin dans son rapport sur le Sahara occidental au point de nager même à contre-courant de la légalité internationale. La France a-t-elle encore une fois joué son veto en faveur d'un Maroc boudé, semble-t-il, par la communauté internationale? Il faut reconnaître qu'à l'origine de l'acharnement marocain et sa politique d'entêtement se trouvent les «éperons» français. Ce n'est pas pour rien. Le Maroc est le premier partenaire économique de la France, mais n'est-il pas illogique pour un pays qui se réclame de l'Etat de droit? La France n'a jamais levé le petit doigt pour défendre les droits des Sahraouis à l'autodétermination, à l'instar de tout peuple colonisé, conformément à la Charte de l'ONU et à la résolution 1514 (XV) de juin 1960 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU. Pis encore, l'Hexagone est allé jusqu'à qualifier les territoires sahraouis de «provinces du Sud», une position qui pourrait fragiliser politiquement un peuple en quête de son droit à disposer de lui-même. Le Conseil de sécurité devait rendre hier soir son verdict concernant la rapport du Kofi Annan sur la question sahraouie. Quoi qu'il en soit, le ton est loin d'être conciliant chez les Sahraouis et le choix est d'ores et déjà fait. «Nous ne conseillons pas au Conseil de sécurité d'approuver ledit rapport, car nous sommes un peuple colonisé et affaibli, mais si nous n'arrivons pas à recouvrer nos droits légitimes par les voies pacifiques, nous serons obligés de défendre ces droits par la lutte armée». Pour le président sahraoui, l'ONU doit «assumer son entière responsabilité».