Depuis la suspension des soutiens financiers américain et européen, les Palestiniens, qui comptaient sur l'aide des Arabes, voient peu de pays concrétiser leurs promesses, à l'exception de l'Algérie et de rares autres Etats. Contrairement à la majeure partie des pays membres de la Ligue arabe, qui tardent encore à verser leur quote-part du montant financier fixé pour venir en aide à l'Autorité palestinienne, le gouvernement algérien a rapidement rempli sa part du contrat. Fidèle à ses positions de soutien inconditionnel au peuple palestinien, l'Algérie n'a pas attendu longtemps pour assumer ses responsabilités en débloquant rapidement 35 millions de dollars au gouvernement palestinien. Le montant versé par l'Algérie a permis à l'Autorité palestinienne de payer des dépenses et des salaires du mois de février, a indiqué M. Omar Abdelrazeq, le ministre des Finances. En dépit de l'apport de l'Algérie, le gouvernement palestinien est au bord de l'étranglement. “Nous avons besoin de 120 millions de dollars immédiatement pour payer toutes les dépenses urgentes”, a précisé le ministre. Selon lui, les salaires du mois de mars des quelque 140 000 fonctionnaires, totalisant 118 millions de dollars, n'ont toujours pas été versés. Face à cette situation critique, Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, a repris hier son bâton de pèlerin pour une nouvelle tournée dans les pays arabes, commençant par le Maroc, pour insister auprès de ses pairs pour la concrétisation des engagements pris lors des sommets de la Ligue arabe d'Alger et de Khartoum. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a réitéré avant-hier son appel aux membres de l'organisation réunis en sommet fin mars à Khartoum à “concrétiser” leurs promesses d'aide aux Palestiniens qui constitue un véritable cri d'alarme. Il est allé jusqu'à demander aux populations et aux institutions de ces pays de participer à cette aide à travers des dons. La collecte a été lancée par l'ouverture d'un compte dans l'une des branches de la Banque arabe, au Caire. Les pays arabes ont multiplié leurs déclarations de soutien et de promesses d'aide à l'Autorité palestinienne, mais des analystes doutent que ces propos se matérialisent entièrement. Aux dernières nouvelles, la situation est toujours au stade de promesses, à l'exception de l'envoi de convois de plusieurs tonnes d'aide humanitaire par l'Egypte et la Jordanie vers la bande de Gaza et la Cisjordanie. “Il ne faut rien espérer de l'Egypte et des autres pays arabes concernant l'aide aux Palestiniens”, a affirmé Emad Gad, chercheur au Centre d'études stratégiques d'Al-Ahram, au Caire. “Il n'y a pas de volonté politique pour soutenir financièrement les Palestiniens : la preuve en est que lors du sommet arabe de Khartoum, l'Egypte et les autres Etats arabes n'ont pas décidé une augmentation de leur aide”, explique-t-il. “Ils n'ont même pas versé les 55 millions de dollars par mois (...) qu'ils avaient promis aux Palestiniens”, lors du sommet d'Alger en 2005, déplore-t-il. Pour Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes basé à Paris, “il y a toujours un laps de temps très important entre ces promesses et leur réalisation chez les Arabes”. “Peut-être qu'ils donneront 10 millions de dollars ou plus dans un mois ou deux, mais ce n'est pas ça qui va permettre aux Palestiniens de s'en sortir”, estime-t-il. Selon lui, les Arabes ont volé au secours du gouvernement Hamas juste “pour l'empêcher de tomber entre les mains de l'Iran”, qui s'est dit prêt à soutenir le mouvement. Mais, ils ne matérialiseront sans doute pas leurs promesses “car ils ne veulent pas mécontenter la communauté internationale”. Devant cette situation, les agences des Nations unies dans les territoires palestiniens craignent une grave crise humanitaire. En effet, le gouvernement palestinien se retrouve en cessation de paiement, et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a, quant à elle, mis en garde récemment contre un éventuel “effondrement” du système public de santé palestinien si les ressources venaient à manquer. K. ABDELKAMEL