Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, à la tête d'une forte délégation comprenant, notamment le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, vient d'effectuer une visite de travail et d'amitié en Libye voisine. Hautement symbolique et politique, cette visite, souligne le chef de la diplomatie algérienne, a «constitué une opportunité d'échanger avec les hauts responsables du nouveau pouvoir exécutif, en vue de renforcer les relations bilatérales et réaffirmer le soutien continu de l'Algérie aux efforts visant l'unification des rangs et la préparation des échéances importantes à venir», estimant que «la sécurité et la stabilité de la Libye demeurent notre seul objectif. Ce qui fait le bonheur de ce pays nous réjouit comme son malheur nous attriste». Sans participer aux frappes aériennes, fidèle au principe sacré de non-ingérence dans les affaires internes d'autrui, l'Algérie est finalement entrée dans la coalition pour y promouvoir le dialogue inter-libyen. Une action appuyée et appréciée. Laissant à d'autres le soin de courir et de guerroyer, l'Algérie s'est, en effet, attachée à conforter la réconciliation. D'autant que la mise en place du gouvernement libyen représente un nouvel espoir et surtout un gage de stabilité pour l'Algérie qui partage près de 1000 kilomètres de frontières avec la Libye. Lors des entretiens entre la délégation algérienne et le nouveau président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed al-Manfi et le Premier ministre Abdelhamid Debeibah, les deux parties sont tombées d'accord sur la nécessité de «la poursuite de la coopération et des consultations afin de faire face aux dangers qui menacent la région, à l'image du terrorisme, du crime organisé transfrontalier, du trafic de stupéfiants, de la contrebande d'armes et de l'immigration clandestine», selon un communiqué libyen. Dans ce cadre, l'Algérie compte jouer un rôle important pour aider à la reconstruction des institutions et participer à la préparation du processus électoral et l'adoption de la Constitution par les Libyens qui auront à affronter de nom-breux acteurs antagonistes qui, tant sur le plan interne que sur le plan externe, continuent à influer sur la décision politique et ne souhaitent pas leur succès. Parallèlement, l'Algérie, forte de son expérience, pourra contribuer, en collaboration avec le Conseil présidentiel, à l'élaboration de la loi électorale et de la Constitution en prévision de l'organisation des élections présidentielle et législatives. Un défi qui requiert une bonne formation aussi bien du personnel administratif que sécuritaire, comme en témoigne la présence de Kamel Beldjoud et du général-major Noureddine Makri, directeur générale de la documentation et de la sécurité extérieure. Outre les conséquences économiques, la situation libyenne a eu un impact sécuritaire majeur, d'où l'attention particulière portée par Alger à la transition libyenne. Durant cette rencontre, les deux partis ont aussi convenu d'accélérer la tenue des réunions préparatoires de la 14e session du Haut Comité exécutif algéro-libyen, selon le communiqué. Alors que l'heure de la reconstruction est en train de sonner, et sans attendre une part du «gâteau libyen», l'Algérie entend apporter sa pierre dans l'édification de la Libye.