Le discours du ministre de l'Intérieur et du Culte sur l'immigration est une véritable dérive contre les émigrés. Plus insolent que jamais, l'ancien membre du collectif des avocats du FLN, Maître Jacques Vergès, ne cesse de dénoncer l'injustice d'où qu'elle vienne. C'est ainsi qu'il s'est soulevé, dimanche dernier, contre la nouvelle loi sur l'immigration en France, proposée par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, et qui sera débattue aujourd'hui au Parlement français. «Le discours du ministre de l'Intérieur et du Culte sur l'immigration est une véritable dérive contre les émigrés», a déclaré Me Vergès, avant-hier, au cours d'une conférence qu'il a animée à l'Ecole supérieure de la magistrature de Ben Aknoun, à Alger. Rappelons que dans un entretien accordé au journal français Le Monde, dans son édition du jeudi dernier, Nicolas Sarkozy s'est montré intransigeant à l'égard des émigrés. Son texte de loi sur l'immigration, qui sera présenté aujourd'hui au Parlement, n'est en effet qu'une énième restriction imposée aux étrangers résidents, légalement ou illégalement en France. Lesquelles restrictions sont relatives notamment au regroupement familial, rendu de plus en plus compliqué ; les mariages mixtes, dont le conjoint étranger doit retourner dans son pays d'origine pour obtenir un visa long séjour ainsi que d'autres lois plus contraignantes encore. Aussi, le ministre français de l'Intérieur a réitéré son plan quant à la reconduite aux frontières de plus de 25 000 sans papiers, d'ici la fin de l'année en cours. «Ce sont des propos racistes», s'est indigné Jacques Vergès. Celui-ci s'est, par là même, soulevé contre la loi du 23 février 2005 glorifiant les bienfaits du colonialisme. «Tout ce que la France coloniale a construit dans ses colonies, elle ne l'avait fait que pour ses propres intérêts, jamais pour ceux des indigènes qui étaient, tout au long de la durée de la nuit coloniale, soumis à un régime des plus barbares». Le conférencier a, en outre, déploré les propos tenus aussi bien par les autorités françaises que par ceux, plus virulents encore, de l'écrivain et «philosophe» français, adepte du sionisme, Alain Finkielkraut. Ce dernier, dans un entretien accordé le 18 novembre 2005 au quotidien israélien Ha´aretz, a indiqué: «L'esclavage et le colonialisme ont apporté la civilisation et le développement aux sauvages». A ces propos, Me Vergès réplique: «Mais où étaient donc les Occidentaux, ces peuples qui se disent civilisés, lorsque les Chinois ou encore les Arabes étaient au summum de la civilisation?». Et d'ajouter: «Le colonialisme a renié la culture de l'Autre, en la réduisant au folklore et en la remplaçant par sa propre culture, celle qu'il croit bonne pour tous». Pour mettre à nu les exactions commises par les colons dans notamment le continent noir, Maître Vergès a cité le cas de la construction du chemin de fer au Congo. Néanmoins, à chaque fois qu'il évoque ce cas, il n'omet pas de citer la phrase de l'écrivain français André Gide qui, dans son livre Voyage au Congo, écrit: «Chaque traversée du Congo-Océan est une vie d'homme!» Aussi, dans le livre, Jacques Vergès l'anticolonialiste, écrit par l'avocat français Philippe Karim Flissi, et consacré à Jacques Vergès-édité en novembre 2005 chez les éditions Chihab- ce dernier déclare: «Et, à quoi se résume le Congo-Océan, si ce n'est à un simple échange bureaucratique? Le crime de papier, ce n'est pas Papon qui l'a inventé. C'est aussi le gouverneur du Congo qui a adressé un télégramme à la métropole, dans lequel il observait que la construction de ce chemin de fer serait un moyen de développer l'exportation, mais qu'elle signifiait la mort de 10 000 hommes. La réponse arriva de Paris, sèche, nette, précise «Construisez le Congo-Océan!». Cela résume le passé colonial que les autorités françaises ne cessent de défendre.