Projection n L'avocat de la terreur, un documentaire réalisé par Barbet Schroeder, a été présenté, hier, en avant-première, à L'Algéria. C'est un film qui fait un portrait à double facette, retrace l'itinéraire équivoque d'un personnage controversé et médiatisé, Me Jacques Vergès, qui s'est révélé un homme mystérieux, ambigu pour avoir entretenu des relations avec les milieux révolutionnaires et les organisations terroristes. Il a même lié des rapports avec François Genoud, un nazi suisse qui a énormément aidé, financièrement, les mouvements révolutionnaires. Cela a, dans les années 1970 et surtout dans les années 1980, alimenté nombre de polémiques. Maître Jacques Vergès est connu pour son engagement pour la cause algérienne – la Guerre de Libération nationale – en prenant en charge la défense de la révolutionnaire et héroïne nationale Djamila Bouhired, et en faisant également partie du collectif d'avocats du FLN. Mais tous ignorent son autre visage. Se présentant sous forme d'une série de témoignages d'hommes et de femmes, amis ou proches, qui ont connu ou côtoyé l'avocat, le film revient sur les premiers pas de Maître Jacques Vergès dans les plaidoiries judiciaires, qui le conduiront, plus tard, et inévitablement, à la notoriété le propulsant au cœur des polémiques politiques. «J'avais 30 ans lorsque j'arrivais à Alger et où j'ai rencontré, pour la première fois, Zohra Drif (militante du FLN), qui, au nom du parti, a sollicité mes services, afin de prendre en charge la défense de Djamila Bouhired qui a été capturée par l'armée française durant la bataille d'Alger», dit Me Jacques Vergès, ajoutant : «Si j'ai accepté ce dossier, c'est parce que je comprends la lutte algérienne, je vivais d'ailleurs dans l'obsession de cette affaire.» Et de souligner : «J'ai vécu dans un pays colonisé (le Vietnam), je suis né colonisé.» Maître Jacques Vergès, de mère vietnamienne et de père réunionnais, raconte sa rencontre avec Djamila Bouhired pour qui il éprouve de profonds sentiments. «Il a été bouleversé lorsqu'il a rencontré Djamila Bouhired, il est tombé amoureux d'une jeune femme qui le bouleverse», raconte Lionel Duroy, journaliste-écrivain. Et de poursuivre : «Djamila était l'incarnation de l'Algérie, la Révolution algérienne avait le visage de Djamila Bouhired.» Maître Jacques Vergès, qui confie que tant que Djamila Bouhired était emprisonnée, ni lui ni elle n'affichaient ouvertement leurs sentiments l'un pour l'autre, raconte aussi qu'il avait rencontré des difficultés dans le procès de sa cliente. «J'étais menacé de mort», dit-il, relevant que pour obtenir la libération de sa cliente, «j'ai décidé d'exploiter l'affaire à l'échelle internationale». Ainsi, l'avocat avait réussi à rallier l'opinion internationale en faveur de Djamila Bouhired, ce qui lui avait valu l'acquittement. l Le film raconte le mariage de Jacques Vergès avec Djamila Bouhired, un mariage qui n'a cependant pas duré longtemps : au bout de sept ans de vie commune, le couple qui a eu deux enfants divorce. Plus tard, en 1970, Jacques Vergès, motivé par ses convictions politiques et animé par son esprit révolutionnaire, donc son engagement pour les causes des peuples opprimés, quitte Alger où il vivait et travaillait au lendemain de l'indépendance, pour disparaître pendant presque une dizaine d'années ; et ce n'est qu'en 1978 qu'il refait surface dans la vie publique. Cette disparition a alimenté autant de polémiques que de controverses. En fait, à partir 1970, Jacques Vergès décide d'entreprendre d'autres initiatives, de s'engager sur d'autres fronts, de militer pour de nouvelles causes. Il s'allie à différents mouvements révolutionnaires, à l'instar de l'organisation de libération de la Palestine et, plus tard, il aurait noué des relations avec des organisations terroristes, puisqu'il prend en charge la défense de Magdalena Copp – la compagne de Carlos, le célèbre terroriste – dont il est tombé amoureux. Il a aussi assuré le procès d'un révolutionnaire islamiste iranien arrêté par les autorités françaises pour avoir intenté un assassinat du dernier Premier ministre iranien du gouvernement du Shah, réfugié à l'époque à Paris.