Assiégée par des grévistes de la faim d'un côté, et par des demandeurs d'agrément de l'autre, l'Ugta nage derechef dans le bain de la protesta. Deux protestations en une journée à la Maison du peuple Aissat Idir. Un fait du hasard, mais qui fait signe d'un climat d'éréthisme, une suite logique d'un «mépris» affiché par la centrale à l'égard des travailleurs. Couverte de banderoles en noir et blanc assiégée par des grévistes de la faim d'un côté et par des demandeurs d'agrément de l'autre, la Centrale syndicale nage derechef dans le bain de la protesta. Les travailleurs du secteur du cuir reviennent à la charge après trois précédentes tentatives de se faire entendre. Ils sont quelque 70 travailleurs en grève de la faim, depuis dimanche dernier, pour réclamer, «sans faire marche arrière cette fois-ci», 16 mois de salaires impayés. Les visages absorbés par 48 heures de «famine», ces derniers ne comptent pas revoir la couleur de la nourriture avant celle de leur argent. Certains à plat ventre, d'autres allongés avec des bouteilles d'eau sucrée à la main, ils ne veulent plus s'agripper aux promesses de l'Ugta qui ne s'avèrent être qu'une «échappatoire» aux yeux de la plupart d'entre eux. «Nous réclamons une solution dans l'immédiat et des indemnisations urgentes, car nos 360 familles ne savent plus à quel saint se vouer», nous avoue Abdelkader Khourchouf, cadre commercial de l'ex-Sonipec et SG du syndicat de l'entreprise de Frenda. Il semblerait, selon notre interlocuteur qui était face dans la matinée d'hier, à des responsables de l'Ugta, que ce même syndicat «s'accroche toujours à sa politique de promesses». Chose qui n'est plus, selon le représentant des grévistes, du goût des travailleurs. D'après un de ses collègues, une solution s'impose en urgence, soit la remise sur rails des entreprises du cuir, soit l'indemnisation des travailleurs, une solution qui, d'après lui, s'avère incontournable après 16 mois sans salaire. Après une énième rencontre qui a eu lieu, dans la matinée d'hier, avec des responsables de la centrale syndicale, ceux-ci ont promis, semble-t-il, de régler le casse-tête dans un laps de temps de dix jours. Une assurance qui, encore une fois, «pourrait renvoyer le règlement de la question aux calendes grecques», d'après une autre voix qui s'élève parmi d'autres moins chaudes, du fait de la lassitude. Un mécontentement secoue Algérie Poste et impose, selon des travailleurs en colère, la création d'un syndicat national de la poste. Ceux-ci ne veulent plus être représentés par des syndicalistes d'Algérie Télécom, une SPA vouée à une administration étrangère après ouverture du capital. Pour le moment, la maison de Sidi-Saïd n'a rendu aucun verdict par rapport à la requête des postiers. Un mutisme qui a poussé ces derniers à se rassembler dans le parking de la centrale et réclamer, encore une fois, la création d'un syndicat national des postiers. Venus des quatre coins du pays, ces travailleurs d'Algérie Poste ne veulent plus activer sous la casquette de la fédération nationale des postes et télécommunications, affiliée à la centrale syndicale Ugta. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'Ugta, il est mentionné que «cette vacance indûment occupée nourrit un réel sentiment d'abandon et encourage d'autre part à la démission syndicale». Nos interlocuteurs dénoncent aussi «la faillite de l'actuelle fédération maintenue sous perfusion depuis des années». Représentés à travers, au départ 9 wilayas, puis dans 8 autres, les postiers s'insurgent contre «les égarements et les silences coupables des tenants de cette même fédération et qui ne cessent d'être préjudiciables à notre condition de salariés, et font installer le doute quant à notre avenir», a-t-on indiqué. Deux de nos interlocuteurs ont pris carrément le taureau par les cornes en se déclarant victimes d'un «licenciement abusif» de la part des syndicalistes d'Algérie Télécom. L'un de Tipaza, l'autre de Tissemssilt, ces derniers ont tenu à être présents, puisqu'à leurs yeux, seul un syndicat national de la poste pourrait les sauver. La centrale syndicale se trouve, encore une fois dans de beaux draps, au moment où cette organisation a pu, d'après son patron, arraché une revalorisation salariale après des allers et des retours. Encore un autre casse-tête pour Sidi-Saïd, mais qui exige une solution urgente, notamment pour les grévistes de la faim. Le vent ne joue pas en faveur de la centrale syndicale, celle-ci est appelée à intervenir pour solutionner le problème des salaires impayés.