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«L'Algérie n'a jamais été absente de ma vie»
Gérard Lambert, écrivain, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 17 - 05 - 2021

L'Expression: Vous publiez un livre dont les faits se sont déroulés en Algérie, pourquoi ce retour à ce pays après tant d'années d'absence?
Gérard Lambert: L'Algérie que j'ai connue en 1971 n'a jamais été vraiment absente dans ma vie. En 1971-1973, j'y ai vécu deux années de coopération en tant qu'enseignant, en classes préprofessionnelles, dans une école des Pères blancs. Dès 1974, j'y ai fait un chantier de volontariat international organisé par Concordia pour la construction du village agraire de Aïn Sultan (Khemis Miliana). Et j'ai toujours échangé par courrier avec d'anciens élèves de Kabylie. Si je n'y suis retourné qu'en 2002, c'est à cause de l'insécurité des années 1990. Puis, j'y suis allé presque chaque année jusqu'en 2007. Mon plus récent voyage date de 2019, une dernière occasion de saluer mes anciens élèves: j'ai 70 ans et eux, presque autant!
Dans le titre de votre livre, vous avancez qu'il s'agit d'histoires «presque» vraies. Pourquoi cette précision: presque?
Mes histoires s'inscrivent dans un cadre géographique et historique véridiques mais j'ai romancé le vécu de mes personnages.
Vous faites visiter au lecteur plusieurs localités algériennes, pouvez-vous nous en parler?
Il y a Djemila et Cherchell dont le riche passé archéologique n'est pas suffisamment enseigné. Il y a Alger qui se modernise, notamment avec son métro, mais qui abrite encore de nombreuses cités insalubres. Il y a Tizi Ouzou et Béjaïa qui manquent d'investissements ou de volonté politique pour faire aboutir les projets (à l'exemple du nouveau stade de Tizi-Ouzou). Et il y a les milliers de villages kabyles, les uns moribonds, les autres entretenus et embellis lors des journées de volontariat.
Qu'est-ce qui vous a le plus marqué lors de votre passage en Algérie?
Lorsque j'ai découvert la Kabylie en 1971, ce qui m'a marqué, c'est la simplicité de la vie au village, la simplicité que j'avais connue dans mon enfance au coeur de la campagne bretonne dans une petite ferme isolée (sol en terre battue, cheminée, lampe à pétrole, eau du ruisseau ou du puits, travail de la terre avec un cheval,...). Une vie simple, presque en autarcie: légumes du jardin, volailles nourries avec les épluchures, lait des vaches pour le beurre,... Une vie simple sans gaspillage: le pain était «sacré»; les rares livres aussi! Cette même vie simple en Kabylie, mais avec encore moins de moyens: certaines familles n'avaient qu'une brebis!
Pourquoi restez-vous attaché à ce point à l'Algérie, à sa littérature, etc. après tant d'années?
La France et l'Algérie ont une longue histoire commune. Mes élèves en 1971-1973 étaient des «enfants de la guerre». J'ai ressenti le devoir de les aider à se construire un avenir dans leur pays neuf. Ils ne ménageaient pas leurs efforts. Quel que soit le temps, la plupart faisaient des kilomètres à pied pour venir étudier! Avec eux, j'ai pris conscience de la spécificité de la culture berbère alors qu'un
«coopérant» égyptien essayait de leur apprendre l'arabe. Avec eux, j'ai lu «Le fils du pauvre.» de Mouloud Feraoun, le témoignage du petit villageois devenu instituteur et «La colline oubliée.» de Mouloud Mammeri, le sort d'un village de montagne au temps de l'exode rural.
Vous êtes l'initiateur du projet «la Kabylie en 7001 livres», pouvez-vous nous en parler également?
En 2006, j'avais créé le Blog littéraire Timkardhit (http://timkardhit.hautetfort.com/) où je publiais des extraits de livres en rapport avec la Kabylie. Pour gérer mes publications, j'eus recours à un fichier Excel. À force de fréquenter les bibliothèques et Internet, le nombre de titres atteignit quelques milliers! C'est en 2013 que je décidai de publier mes recherches sur la forme d'un Opac (Online Public Access Catalogue). Mon objectif était de 7 001 références d'où son titre: «La kabylie en 7001 livres (http://www.gelambre.fr/pmb/opac_css/)». Objectif largement dépassé à ce jour! Y figurent en principe tous les livres ayant pour sujet, plus ou moins proche, la Kabylie et tous ceux écrits par des Kabyles, de l'an -50 (Gaius Crispus Salustius ou Salluste avec son récit historique «Catilina si Jugurtha.») à 2020 (Zoulikha Isahnounen avec son recueil de poésie «Tajeggt n yihulfan»). Plus qu'un catalogue, c'est une base bibliographique, libre de droits, mentionnant pour chaque auteur(e) les références précises de ses ouvrages avec, pour chacun, l'année de sa première publication.
Pouvez-vous nous évoquer la littérature algérienne telle que vous la suivez depuis des années?
Dans les manuels scolaires algériens, j'ai découvert Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri et Mohammed Dib. De ce pays, j'ai rapporté de nom breux exemplaires bilingues du «Fichier de documentation berbère.» dont «Contes kabyles Inédits.» en trois tomes du Père Jean-Marie Dallet. Puis, j'ai remonté le temps avec «Les chevaux du soleil» de Jules Roy dans lequel «les femmes kabyles reprochent à la France de taper sur la Kabylie comme sur un tambour.» et «Sous les figuiers de Kabylie.» de Charles Géniaux où Lounas Ben Ouala parle «du temps où les combats avaient pour cause la violation d'une anaya». De retour en Algérie en 2002, j'ai eu le plaisir de découvrir de jeunes auteur(e)s dont Lila Ait Larbi et son roman «Descente aux enfers» où un professeur demande à ses élèves «de ne pas faire qu'avaler ce qu'on leur sert, bon ou mauvais!». En 2003, l'Année de l'Algérie en France a révélé un regain de la production littéraire des deux côtés de la Méditerranée et depuis, la croissance ne faiblit pas: livres en français, en tamazight et plus récemment en arabe. Je ne citerai que «L'Algérie: idées reçues.» de Georges Morin, «Les Berbères célèbres» de Mohand-Akli Haddadou, «Ce jour viendra.» de Anouar Benmalek et «La disparition de la langue française» d'Assia Djebar. À Rennes, j'ai eu la chance de rencontrer Rachid Mimouni qui affirmait que «la société doit s'adapter aux contraintes et exigences de la technologie» et Ali Mouzaoui «Thirga au bout du monde» qui parle de la désolation de la maison natale et «du nid d'hirondelles où les oisillons qui venaient d'éclore s'étaient éteints, le bec ouvert, attendant une becquée qui ne venait pas». Encore trois titres pour moi incontournables: «Le beau visage de l'ennemi» de Catherine Lépront, «Sors, la route t'attend» de Slimane Zeghidour et «Voyage d'Idir et Djya en Kabylie.» de Camille Lacoste Du Jardi qui est une initiation à la culture kabyle. Enfin, une figure s'est imposée à moi, celle de Fadhma Ait Mansour Amrouche car elle repose, non loin de chez moi, au cimetière de Baillé (35). J'ai eu à coeur de faire connaître son récit «Histoire de ma vie», riche en anecdotes et en réflexions telles que: «Une oeuvre nous tint en haleine pendant des mois, Marie-Louise Taos, Jean et moi: la fixation en langue française des chants berbères hérités des ancêtres qui m'avaient permis de supporter l'exil et de bercer la douleur.».
Vous avez fait une offre aux bibliothèques algériennes consistant à leur fournir votre livre gratuitement, pourquoi?
De nombreux Algériens disent qu'ils ne lisent pas car les livres sont trop chers. C'est pourquoi, je leur conseille d'emprunter les livres en bibliothèque. J'ai donc envoyé gracieusement mon recueil de nouvelles: «Algérie, des histoires... presque vraies!» aux bibliothèques principales de lecture publique d'Algérie et je propose de faire de même pour toute autre bibliothèque publique.
Et pour conclure...?
Vous connaissez peut-être le jeu de mots «lire des livres, lire délivre», ce n'est pas qu'un jeu de mots car la lecture permet vraiment de briser ses chaînes intellectuelles. Alors, faites vivre vos librairies et vos bibliothèques en n'hésitant pas à leur demander et redemander le livre que vous désirez car c'est le livre qui doit voyager!


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