Youcef Merahi ne revient pas à la poésie puisqu'il ne l'a jamais quittée. Certes, il s'est consacré à l'écriture romanesque depuis quelques années, mais la poésie est demeurée sa véritable vocation et sa passion permanente et profonde. L'amour de sa vie en quelque sorte. Même après qu'il eut publié plusieurs romans, en plus des essais, Youcef Merahi est resté poète. Il ne cesse de récidiver et de rebondir en publiant de nouveaux recueils au moment où presque personne ne croit à la poésie. Et, pourtant, il s'agit d'un art majeur! Youcef Merahi est donc romancier, oui, mais poète d'abord et avant tout. Même, après tout. Il vit et respire la poésie en langue française depuis toujours. Aussi loin que l'on puisse remonter dans le temps, Youcef Merahi a toujours été épris de vers, de métaphores et de tout ce qui a trait aux mots, à leur magie, à leur pouvoir sur les âmes sensibles. Il vient de publier un énième recueil de poésie aux éditions Apic d'Alger dont le mérite doit être souligné car quel éditeur algérien croit encore en la poésie et ose en publier? Apic l'a fait. Et c'est tout à leur honneur. Un poème à lui seul... «Sur quelle corde poser le doigt» est le titre de ce nouveau recueil de poésie illustré par l'artiste-poète Koceila Tighilt dont il ne s'agit pas de la première collaboration avec Youcef Merahi. Le titre de ce livre, comme on peut le constater, est un poème à lui seul. Ce recueil de poésie est une oeuvre d'art à tous points de vue. En plus des textes de Youcef Merahi et des illustrations de Koceila Tighilt, il faut reconnaitre à l'éditeur une performance esthétique des plus réussies. À commencer par la couverture du livre qui est une véritable toile. Ensuite, il y a cette manière dont sont juxtaposés les vers et les illustrations. Rien n'est laissé au hasard dans ce livre qui respire l'art à chaque page tournée, à chaque ligne et à chaque dessin. L'aspect sobre de cette oeuvre est aussi à mettre en relief. Djamel Amrani Youcef Merahi, qui a toujours une admiration sans borne pour le regretté poète Djamel Amrani, a choisi d'ouvrir son livre par des vers de ce dernier: «Dans la campagne dépouillée de verdure, j'ai brûlé ma dernière pensée, il ne me reste que l'immense nostalgie de mon enfance, et l'horrible horreur de moi-même.» Le nouveau recueil de Youcef Merahi se divise en trois parties: bris de mémoire, rien d'autre: être et clap de fin. Né en 1952 à Tizi Ouzou, Youcef Merahi a publié de nombreux romans, recueils de poésie et essais. Le présent recueil est le quatrième qu'il publie chez le même éditeur (Apic) depuis 2009. Il a édité chez Apic: Nuits, Cris en papier et À rebours d'Oran. Chez Apic toujours, Youcef Merahi a publié son roman intitulé «Funambule». Diplômé de L'Ecole nationale d'administration, Youcef Merahi a vite été épris de littérature, plus particulièrement de la poésie. C'est au début des années 90 qu'il publie son tout premier recueil de poésie, intitulé De l'absurde au quotidien puis Cris en papier ou encore Le chemin de ma route. Il est l'auteur de plusieurs romans dont Je brûlerai la mer, Et l'ombre assassine la lumière, Le funambule... Il a écrit des essais dont certains ont été consacrés au romancier-poète Tahar Djaout, à la Kabylie, etc. Youcef Merahi est co-auteur d'un livre en deux tomes consacré au Rebelle Matoub Lounès. Mais malgré cette diversité, Youcef Merahi ne troquera jamais son amour pour la poésie contre n'importe quel autre genre littéraire. Parole de poète!