Les Algériens ont soif de... livres Au deuxième jour du Salon international du livre d'Alger, vendredi dernier, il y avait une affluence record. Certains stands étaient pratiquement impossibles d'accès aux visiteurs. Ceux qui ont pu y accéder ont éprouvé des difficultés à se mouvoir. C'est le cas entre autres du stand de l'Office des publications universitaires (OPU) qui est peut-être l'un des plus visités et des plus convoités. L'affluence a été également très importante dans pratiquement l'ensemble des stands comme Gallimard, Flammarion, Alpha, Casbah, Hachette, El Amel... Qu'il s'agisse du livre écrit en arabe, en français ou en tamazight ou même dans les autres langues, ils étaient des milliers de visiteurs à les prendre d'assaut dès 14 h 30. Après une halte liée à la prière du vendredi où une grande partir des stands étaient en veilleuse. Deuxième spécificité ayant caractérisé la journée du vendredi au niveau du Salon du livre, c'est l'arrivée en masse de nombreux écrivains qui ont procédé aux séances de vente dédicace dans une ambiance bon enfant. Fadéla Merabet, devenue une habituée du stand Dalimen, était ainsi présente et non seulement elle a signé ses ouvrages mais elle a également eu de nombreux échanges avec des visiteurs dont certains l'ont rencontrée pour la première fois après avoir lu un ou plusieurs de ses livres. Des écrivains venus de la wilaya de Tizi Ouzou ont aussi pris place au «pupitre» de leurs éditeurs à l'instar du poète Youcef Merahi qui vient de publier «Le Funambule», un nouveau roman aux Editions Apic à l'occasion de ce salon. Il s'agit, nous précise Youcef Merahi, de son premier roman écrit, il y a une quinzaine d'années avant même la parution de ses autres ouvrages littéraires. C'est avec bonheur qu'il a renoué avec ses lecteurs lors de sa vente dédicace, vendredi dernier. Tout comme Mohamed Attaf, également venu de la ville des Genêts. Ce dernier était présent au stand Dalimen pour dédicacer ses livres qui racontent principalement sa ville natale Tizi Ouzou d'hier et d'aujourd'hui. Avec la même passion et la même patience, Mohamed Attaf continue d'écrire sur Tizi Ouzou, son histoire et ses souvenirs sans se lasser. Mouloud Ounnoughene n'a pas manqué non plus à ce rendez-vous pour présenter son tout nouveau livre sur le parcours du grand musicien algérien Iguerbouchene. Slemnia Bendaoud, écrivain mais aussi journaliste, a été également intercepté plus d'une fois dans les allées du pavillon central et au milieu de tous ces livres, il se sent vraiment chez lui. Et il n'est pas là seulement pour dédicacer ses livres ou acheter des ouvrages qu'il ne peut trouver ailleurs. Slemnia Bendaoud a profité de ce rendez-vous avec la culture pour prendre part activement aux débats qui se succèdent aux conférences du Sila. Et c'est dans cette optique qu'il a posé une question très intelligente et pertinente au talentueux romancier Salim Bachi, venu parler de tout son parcours depuis la parution de son premier roman, «Le Chien d'Ulysse», chez Gallimard. D'autres écrivains plus ou moins connus étaient aussi de la partie en ce vendredi qui ne ressemble presqu'en rien à l'ambiance ayant prévalu jeudi où l'affluence était plus timide aussi bien du côté des visiteurs que de celui des écrivains. On peut dire donc que le deuxième jour du Salon a constitué un véritable déclic à tous points de vue. Parmi les caractéristiques du Salon du livre d'Alger, c'est que chaque éditeur ou presque revient une année plus tard avec des livres nouvellement édités. C'est pratiquement le cas de nombreuses maisons d'édition, les plus solides sur le plan des moyens que les moins nanties. C'est le cas de la maison d'édition El Kalima, dirigée par Naïma Beldjoudi, une ancienne cheville ouvrière de la maison d'édition Marsa, dont le directeur n'est autre que l'écrivain-journaliste Aïssa Khelladi. La maison d'édition El Kalima fait son petit bonhomme de chemin doucement mais sûrement. Le stand qu'elle occupe au niveau du Pavillon central du Sila ne cesse de s'agrandir. Et non pas pour rien puisque le nombre de livres édités par El Kalima progresse sans cesse. Pas seulement en quantité mais aussi en qualité. Ce stand propose d'ailleurs pour la première fois un beau livre sur le poète assassiné, Tahar Djaout. «Une mémoire mise en signes, écrits sur l'art», est le titre de ce livre qui est en même temps un merveilleux hommage au fils d'Oulkou ravi prématurément aux siens et à la littérature algérienne. Le même éditeur suggère un essai sur le poète Jean Sénac écrit par le brillant universitaire Hamid Nacer Khodja. Le lecteur peut aussi y découvrir un recueil de nouvelles inédites d'Emmanuel Roblès intitulé «Malika et autres nouvelles d'Algérie». Les nouveautés sont au rendez-vous également au stand des éditions amazighes avec la maison d'édition Identité. Créée, il y a quelques mois, cette maison d'édition est gérée par un ancien militant de la cause berbère et également auteur de deux romans en tamazight publiés et ayant obtenu le prix «Mouloud Mammeri», décerné par la Fédération nationale des associations culturelles amazighes. Il s'agit de Ahmed Nekkar. La maison d'édition Identité vient de publier coup sur coup une dizaine de livres, tous écrits en tamazight. Il s'agit entre autres d'une traduction en tamazight de «Misère de la Kabylie» d'Albert Camus, d'un recueil de poésies du poète Lhucine Aâdeni, d'un roman de Moussa Bouchakour et d'autres traductions de contes et de nouvelles réalisées par Ahmed Nekkar. Pour leur part, les Editions publiques Anep (Agence nationale d'édition et de publicité) ont profité du Sila pour étoffer encore davantage leur catalogue. Dans le sillage de l'engagement de l'Etat algérien à réhabiliter et à promouvoir la langue et culture amazighes, l'Anep continue d'ouvrir ses portes aux auteurs écrivant en langue amazighe. Le visiteur amazighophone est agréablement surpris de découvrir de nombreux titres en tamazight chez l'Anep. Et cette fois-ci celle-ci se distingue de fort belle manière puisqu'elle a édité un recueil de poèmes en tamazight et dans la variante mozabite, intitulé «Tamazight y inu». Dans le sillage du Sila, l'Anep a mis en place un programme d'hommages à pas moins de six grandes personnalités algériennes. Il s'agit de Cheikh Moulay Touhami, Jean Lacouture, François Maspero, Chantal Lefèvre et l'abbé Berenguer. Ce n'est là qu'un infime segment de toutes les activités, nouveautés, auteurs ainsi que l'ambiance globale ayant régné au courant de la deuxième journée du Sila. Car il est pratiquement impossible de raconter une journée au Sila avec tout ce qui s'y déroule comme activités culturelles et animations, tant l'événement est extrêmement grandiose.