En s'adressant à distance à ses homologues présents au sommet du G5 Sahel, organisé les 15 et 16 février à N'Djamena, au Tchad, le président français Emmanuel Macron a, d'abord, dressé un bilan globalement positif. Tout en mettant l'accent sur la nécessaire continuité de la lutte contre les groupes affiliés à Al Qaïda, d'une part, et le retour de l'Etat dans les territoires abandonnés de la région, d'autre part, il a assuré qu'une année après la rencontre de Pau (France), le G5 Sahel a «réussi à obtenir de véritables résultats dans la zone des trois frontières», située entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et le principal groupe visé, l'organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS), «a perdu son emprise et subit de nombreuses pertes». Ce satisfecit, exprimé par visioconférence, illustre l'ambiance générale dans laquelle s'est déroulé le sommet, le président en exercice, le Mauritanien Al Ghazouani, ayant abondé dans le même sens, en se félicitant d'un bilan «positif» pour l'année 2020 au cours de laquelle il a dirigé le G5 Sahel. Cela dit, Macron met en garde contre des organisations affiliées à Al-Qaïda, notamment le GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans) et la katiba Macina, «dont la plus haute hiérarchie continue à nourrir un agenda jihadiste». Aussi promet-il de renforcer et l'action et les moyens, pour venir à bout de la menace, et «décapiter» ces groupes en pleine expansion. Surtout, le chef de l'Etat français n'a, à aucun moment, abordé le sujet d'une réduction de la force Barkhane alors que, depuis des mois, et au plus fort d'un débat consacré par l'Assemblée nationale française à cette problématique, on prêtait à l'Elysée l'intention d'alléger le fardeau d'une force militaire sujette à de vives controverses, en raison des bavures accumulées au Mali. L'opération antiterroriste française Barkhane, qui compte, actuellement, plus de 5.100 soldats au Sahel n'a pas freiné la montée en puissance des groupes extrémistes, au Mali, au Niger et au Burkina alors même que les groupes nigérians Boko Haram et l'Iswap se sont installés dans la zone du lac Tchad, laissant entrevoir une conjonction avec ceux qui opèrent dans la région des «trois frontières». Il n'empêche, Macron a salué la décision, annoncée la veille, par le président tchadien Idriss Déby Itno, d'envoyer 1200 soldats dans cette région, «une décision forte et courageuse qui viendra conforter la force du G5 Sahel» a estimé le président français qui considère, en outre, que «la mobilisation internationale en faveur du Sahel n'a, au fond, jamais été aussi puissante». Une allusion aux renforts (une centaine d'éléments) dépêchés par l'Estonie et la Tchéquie, au nouveau groupement de forces spéciales Takuba, appelé à soulager la pression qui s'exerce sur la force Barkhane. Conscient que le volet militaire n'a guère suffi à contenir la menace terroriste, le président français a également plaidé pour un retour de la sécurité et des services de l'Etat au bénéfice des populations livrées à leur sort depuis plusieurs années. Un plaidoyer de circonstance qui montre toute la difficulté que rencontre le G5 Sahel auquel le Maroc s'est occasionnellement invité.