Le chef de la junte militaire et président autoproclamé du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a quitté N'Djamena, hier, pour une «visite d'amitié et de travail» en France, a annoncé son cabinet. Ce général quatre étoiles de 37 ans dirige un Conseil militaire de transition (CMT) de 15 généraux depuis l'annonce, le 20 avril, de la mort de son père, Idriss Déby Itno, qui dirigeait le pays d'une main de fer depuis 30 ans, tué au front contre des rebelles.»Le président du Conseil militaire de transition, président de la République, chef de l'Etat, le général de corps d'Armée Mahamat Idriss Déby Itno, a quitté N'Djamena ce matin, à destination de Paris», pour y effectuer «une visite d'amitié et de travail», lit-on dans un communiqué du service de communication de la présidence tchadienne, qui ne livre aucun détail sur le déroulement du programme. Dimanche soir, un dîner est prévu entre Mahamat Déby et le président français Emmanuel Macron, a cependant assuré un membre de la délégation tchadienne, sous couvert de l'anonymat. La France, ancienne puissance coloniale au Tchad, est le troisième pays visité par le chef de la junte militaire depuis qu'il a pris le pouvoir, après qu'il se soit rendu au Niger et au Nigeria, pays avec lesquels le Tchad est engagé dans une lutte contre les groupes terroristes qui sévissent dans la région du lac Tchad. Dès le 20 avril, le CMT a proclamé son chef président de la République, dissous le Parlement et le gouvernement et abrogé la Constitution. Il a promis des élections «libres et transparentes» après une période de transition de 18 mois renouvelable une fois. La communauté internationale, l'Union africaine (UA) et même la France, ont exigé que cette période n'excède pas 18 mois. Or fin juin, Mahamat Déby a laissé entendre qu'il n'excluait pas une prolongation, eu égard aux contraintes de la feuille de route initialement approuvée. L'armée tchadienne est l'un des principaux piliers de la lutte contre les groupes jihadistes dans le Sahel. Lors des obsèques d'Idriss Déby, M. Macron était le seul chef d'Etat occidental a être allé à N'Djamena rendre un hommage appuyé au défunt et à rencontrer son fils et successeur. M. Macron a récemment annoncé un prochain désengagement militaire progressif de la France du Sahel. La force antijihadiste française Barkhane (5.100 hommes actuellement) va disparaître au profit d'un dispositif resserré, au sein de la force Takuba qui va accueillir les soldats de plusieurs pays européens et qui verra sa mission focalisée sur la lutte antiterroriste et l'accompagnement au combat des armées locales.