Le 18ème Sommet de l'Opep+ a connu trois rounds de négociations, le 1er juillet, le 2 juillet, puis hier. Les paramètres n'ont pas changé. Les «23», emmenés par les deux poids lourds mondiaux, l'Arabie saoudite et la Russie devaient trancher une éventuelle augmentation de leur production à partir d'août, de la poursuite de leur stratégie pour les mois à venir. L'option qui était sur la table des négociations était d'accroître leur offre de 400000 barils/jour mensuellement entre le mois d'août et celui de décembre. Soit un total de 2 millions de barils qui doivent être remis sur le marché d'ici la fin de l'année. Il fallait cependant surmonter un écueil pour que le consensus se fasse autour de cette proposition soutenue il faut le souligner par Riyadh et Moscou. Qui donc a joué au trublion? Les discussions ont été freinées par les Emirats arabes unis qui auraient réclamé une augmentation de leur production, ont révélé des sources proches du dossier. Le désaccord viendrait d'une «objection de dernière minute soulevée par les Emirats arabes unis à un accord conclu plus tôt dans la journée entre la Russie et l'Arabie saoudite», ont révélé les analystes de Deutsch Bank. Abou Dhabi voudrait relever son volume de production de référence à partir duquel est calculé son quota, arguant «d'une capacité désormais plus élevée» avait précisé Eugen Weinberg, du second groupe bancaire allemand Commerzbank. Actuellement à 3,17 millions de barils par jour, le ministre émirati aurait insisté pour qu'il soit relevé à 3,8 millions de barils par jour, avait précisé Ole Hansen, analyste de Saxobank. Ce qui évidemment ne rentre pas dans la stratégie de l'Opep+ qui a opté pour la prudence tout en optant pour un respect strict des quotas de production imposés à ses membres hormis ceux qui connaissent de grosses difficultés économiques à l'instar de l'Iran et du Venezuela et l'Iran, soumis à des sanctions américaines, ou la Libye, dont la production a été perturbée par une lutte implacable entre pouvoirs rivaux. C'est dans cette atmosphère que les négociations ont repris hier. Dans quel état d'esprit? «En l'état actuel des choses, tous les membres de l'Opep+, y compris la Russie, se sont mis d'accord pour que le groupe augmente sa production au cours des prochains mois, mais aussi pour qu'il prolonge son accord jusqu'à la fin de 2022», ont résumé les analystes de Deutsch Bank, sauf Abou Dhabi souligne-t-on. «C'est tout le groupe contre un seul pays», a réagi le ministre saoudien de l'Energie Abdelaziz ben Salmane interrogé par Bloomberg TV, tout en appelant à «un peu de rationalité et un peu de compromis» dans une interview sur la chaîne Al-Arabiya juste avant la réunion d'hier. Le pétrole continuait de son côté sa marche en avant. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre affichait 76,40 dollars hier à 14h15, soit 23 cents de plus que la séance de vendredi dernier. À New York, le baril de WTI pour le même mois gagnait 20 cents à 75,36 dollars. Les deux cours de référence restaient proches de leurs niveaux d'octobre 2018. Il faut rappeler que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires, dont la Russie, avaient décidé, au mois d'avril 2020, de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour, pour faire rebondir les prix qui avaient plongé à des niveaux historiques, moins 37 dollars pour le pétrole américain. L'«alliance» Opep-non Opep ouvrira ensuite prudemment ses vannes. Sa coupe passera à 7,7 millions b/j à partir du 1er août, jusqu'à fin décembre 2020, avant de mettre 350000 barils par jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin, puis 441000 barils en juillet 2021.