Une manifestation nationale est prévue ce samedi pour rejeter ce projet. Les députés français ont donné hier le feu vert à l'article du projet de loi sur l'immigration qui porte de 12 à 18 mois le délai à partir duquel un étranger en situation régulière en France peut demander le regroupement familial. Ce vote intervient, rappelons-le, quelques jours après l'adoption de la carte de séjour «compétences et talent». Malgré les vives réactions de l'opposition, l'article est passé comme une lettre à la poste. Ce qui laisse dire que la loi Sarkozy sera sans doute entièrement «plébiscitée» par les députés de l'UMP mardi prochain. Or, l'adoption de cette loi risque sérieusement de déstabiliser la société et accentuer la discrimination, estiment les élus de gauche. Le collectif Uni(e)s contre une immigration jetable a appelé hier à une manifestation pour le 13 mai à travers toute la France pour rejeter le projet de loi sur l'immigration en examen actuellement à l'Assemblée française. Composé de 460 organisations, le collectif appelle à une manifestation nationale ce samedi 13 mai. Comme il interpelle tous les démocrates à manifester leur rejet du projet de loi réformant le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (Ceseda) qui établit, selon le collectif, une «hiérarchie et un tri entre les personnes humaines en fonction de leur rentabilité, et de leurs origines». Le projet de loi va, estiment de nombreux observateurs, précariser les étrangers en durcissant les conditions d'obtention de la carte de séjour, une des mesures phares de ce texte prônant «l'immigration choisie». Il faut reconnaître qu'avec un tel projet, la France ne sera plus l'eldorado tant désiré par les jeunes étrangers, en particulier les Algériens. Non seulement, elle ferme ses frontières, elle durcit, par la même, les procédures d'intégration pour les ressortissants étrangers se trouvant sur son sol. Désormais, les demandeurs au titre du regroupement familial seront soumis à un régime très strict. La loi en question prévoit que les ressources d'un étranger ayant formulé une telle demande, devront provenir uniquement de son travail, en excluant les minima sociaux. Le demandeur devra aussi se conformer aux principes de la République française et «faire la preuve de sa volonté d'intégration à la société qui l'accueille». Par ailleurs, selon un sondage rendu public hier par l'institut BVA, près de 3/4 des Français jugent justifiées les dispositions du projet de loi sur l'immigration. 76% des personnes interrogées considèrent comme «justifié» le fait de n'accorder une carte de séjour à un étranger que s'il accepte de suivre une formation civique et un apprentissage de la langue française.