L'Algérie ne se reconfinera pas totalement, mais reste dans un état d'alerte maximal. Le variant «Delta» rôde et fait flamber les cas de contamination, signe franc du début d'une troisième vague qui s'annonce sévère. En quelques jours seulement, les 800 cas de coronavirus quotidiens ont causé la saturation de plusieurs structures sanitaires. Une situation qui a amené le président de la République à tenir une réunion d'urgence du Comité scientifique chargé du suivi de l'évolution de la situation épidémiologique dans le pays. Des décisions fermes ont été prises comme la réactivation des mesures préventives et l'accélération de la cadence de vaccination. Le chef de l'Etat a exigé une exploitation optimale du nombre de lits affectés aux patients Covid-19 et l'augmentation des capacités d'accueil, notamment dans les grandes villes. Il a même préconisé l'exploitation, en cas de nécessité, des navires-hôpitaux dans les villes côtières. Auparavant, une large campagne de communication et de sensibilisation a été lancée, pour convaincre les Algériens de se vacciner en masse et de manière rapide. D'ailleurs, des campagnes de vaccination sont menées au niveau des mosquées et au sein même des entreprises publiques. Le secrétaire général de l'Ugta, Salim Labatcha, a d'ailleurs supervisé, hier, le lancement de la campagne nationale de vaccination des travailleurs et de leurs familles, à partir de Mascara. À cette occasion, il a appelé tous les travailleurs à saisir l'opportunité du déplacement des équipes médicales et paramédicales au niveau des unités de production et des lieux de travail pour bénéficier de la vaccination qui comprendra, également, les travailleurs retraités. Le ministre de la Santé, pour sa part, a appelé les citoyens à adhérer à cette campagne, assurant de la disponibilité actuellement, de plus de 5,5 millions de doses de vaccin, après la réception, hier, de 1,6 million de doses. Le professeur Benbouzid n'a pas manqué aussi, d'alerter sur le risque de saturation des structures sanitaires, en cette période de rebond des cas de contamination, mais surtout de relever la difficulté de répondre aux besoins en oxygène du nombre croissant des personnes atteintes. C'est dire qu'avec ce «Delta», l'heure n'est pas à la tergiversation. Le gouvernement n'a d'ailleurs pas attendu pour reconduire le confinement partiel d'une durée de 21 jours, dans 14 wilayas. Mais plus que le confinement, les autorités publiques ont annoncé le renforcement du contrôle pour le respect des mesures barrières qui, malheureusement, ont été abandonnées par une grande majorité de la population. Les walis ont été instruits de prendre toutes les mesures qu'ils jugeront nécessaires, dont,notamment l'interdiction de tout type de rassemblement de personnes ou de regroupement familial. Ainsi, les fêtes, les mariages, les enterrements et même les retrouvailles durant l'Aïd, ne sont plus autorisés. Dans les bus et tout autre moyen de transport, le respect strict du port du masque et de la distanciation sociale devront être observés sous peine de sévères sanctions. Ce sera également le cas dans les administrations publiques, les commerces, les marchés ou encore les mosquées. Rien ne sera laissé au hasard et les sanctions prévues par la loi seront appliquées avec toute la sévérité que commande la gravité de la situation, comme l'a affirmé le gouvernement. En fait, il ne faut pas se cacher la face, la situation est très dangereuse, de l'avis de tous les spécialistes. Ces derniers n'excluent pas des chiffres encore plus élevés dans les prochains jours. Le professeur Fawzi Derrar, directeur de l'institut Pasteur d'Algérie (IPA) a soutenu que «le nombre de contaminations va se multiplier dans les prochains jours» et qu'il ne se stabilisera que dans une quinzaine de jours, à la condition d'un engagement immédiat, en matière de respect des mesures de prévention. Il a rappelé que le variant «Delta» (indien), est très contagieux et entraîne l'hospitalisation d'une proportion importante des personnes atteintes. C'est dire qu'à l'approche de l'Aïd El Adha, les citoyens doivent être responsables et cesser leur indifférence criminelle.