Le colloque international «Littérature et cinéma» a été réellement ouvert le lundi 8 mai-2006 à 18h à la Maison de la culture Abdelkader-Alloula par la présidente de la Fondation Dib, Mme Sabiha Benmansour, qui, par modestie, a passé le micro aux membres du jury venus de loin délibérer sur le 2e prix Mohamed Dib. Au moment où Mme Belkaïd Khadda Nadjed, présidente du jury, délibérait, Mohamed Bensalah présenta une jeune étudiante du département des lettres françaises pour présenter le film Vivre au paradis, de Bourlem Guerdjou adapté de l'ouvrage de Brahim Benaïcha Vivre au paradis d'une oasis à un bidonville paru chez Des Clee de Brouwer. Ce film a obtenu le prix de la première oeuvre au festival de Venise en 1998. Le choix de ce film a été judicieux car il coïncide avec une date historique : le 8 mai 1945. L'histoire de cet émigré habitant le bidonville de Nanterre en 1960 qui, pensant bien faire, fait venir sa famille, sa femme et ses deux enfants pour les loger dans une baraque. C'est émouvant et c'est pénible de voir ce qu'ont enduré nos compatriotes émigrés qui se font tabasser le 17 octobre 1961 à Paris par Papon et ses sbires. Le débat animé par Belkacem Hadjadj, cinéaste, Tahar Boukella, scénariste, et Safia Boudaraoui, littéraire, fut poignant et a duré jusqu'à la fin des délibérations du jury, à 22h. La cérémonie d'ouverture officielle a eu lieu le mardi 9 mai dans la salle de la Bibliothèque centrale Abdelmadjid-Meziane (Imama) devant un auditoire nombreux et très attentif. Après les interventions d'usage du recteur de l'université A.-Belkaïd, de M.Ghouali Noureddine et de M.Chaïf Okach, doyen de la faculté des lettres et sciences humaines et sciences sociales, puis de Mme Sabiha Benmansour, présidente de l'association La Grande maison, Mme Nadjet Khadda donna le résultat du concours du prix littéraire Mohamed Dib, qui revient cette année au jeune Abdelhamid Ali Bouacida de Constantine qui se fit remettre le chèque de 1 million de dinars des mains du P-DG de Sonatrach, sponsor officiel de cette manifestation culturelle. Après la pause-café, Mohamed Bensalah de l'université d'Oran, aborda le thème «exte-image» avec doigté et professionnalisme. L'orateur, dès le début a lancé quelques vérités: «Dib est mort amer et n'a pas été dignement honoré...Il aurait pu avoir le prix Nobel...Ce colloque aurait pu se dérouler dans des conditions meilleures si au niveau de la projection on avait mis à notre disposition une salle pour projeter les films en 35 mm et non pas en VHS». Mohamed Bensalah a ajouté qu'il faut réhabiliter le 7e art vu l'état de déliquescence du cinéma algérien. Ecrit-image (ou icône) la problématique, poursuivit le conférencier, est de bien définir les deux termes, c'est un peu l'histoire entre le livre et le cinéma, un couple impossible ayant des rapports passionnants. La Fondation Dib nous offre là un cadre de réflexion. Il cita comme exemple le feuilleton télévisé qui a fait «boum» Al Hariq (L'incendie) puisé de la trilogie éternelle La grande maison, Le métier à tisser et L'incendie de Mohamed Dib. Mohamed Bensalah avertit le public: «L'oeuvre dibienne n'appartient pas à Mohamed Dib». Toute production a suscité des interrogations et des critiques. Le conférencier regretta que Mustapha Badie ne soit pas là, mais si ce grand réalisateur a pris des libertés, son oeuvre est entrée dans la postérité et doit être enseignée dans les écoles. Après Bensalah, Anne Roche de l'université Aix-en-Provence, parla de l'écriture de l'histoire et l'écriture du cinéma. Lui succéda Peter Kirsch de l'université de Vienne, avec la communication «Mises en scène de l'aliénation migrante chez Mohamed Dib : la danse du Roi, Habbel le désert sans retour». La matinée prit fin avec l'intervention de Habib Tengour de l'université de Paris 8: Du récit au scénario. Des conférences et des projections cinématographiques se dérouleront l'après-midi dans les deux pôles: université (communications), projections dans la salle de conférences de la Maison de la culture en face du Mechouar. L'esprit de l'oeuvre dibienne planait dans les salles avec cette phrase ou plutôt message adressé par feu Dib à la Fondation qui porte son nom créée le 23/01/2001: «Je suis encore plus fier de ma ville de Tlemcen qu'elle n'est fière de moi et lui souhaite de sauvegarder intacte la réputation qui fait sa fierté».