Les comédiennes trottaient sur scène comme des petites Chinoises. C'est toujours une intense émotion d'évoquer la vie et l'oeuvre des personnalités culturelles de la trempe de Mahieddine Bachtarzi. Cela se sentait à travers la lettre de Keltoum, qui a fait un long chemin avec lui et le compare à un ange gardien. Cela ressortait aussi du témoignage de Farida Saboundji, qui était montée sur les planches ou de celui de Fatiha Berber. La première est remontée loin dans le temps pour rappeler des moments inoubliables avec le maître du théâtre algérien, avec lequel elle a interprété des pièces comme Othello de Shakespeare, Antigone de Sophocle, ou Ben Othamne en Chine, en disant: «Nous les comédiennes, on trottait sur scène comme des petites Chinoises.» A la lecture d'un tel répertoire et d'un tel palmarès, on se dit que des dramaturges comme Mahieddine Bachtarzi ont beaucoup fait pour le théâtre algérien, et qu'en retour nous ne faisons rien pour eux. A son tour, Fatiha Berber raconte qu'elle avait rencontré pour la première fois Mahieddine Bachtarzi en 1961, à Paris, pour l'interprétation des Fourberies de Scapin, par l'intermédiaire de Mohamed Hilmi. Sid-Ali Kouiret, pour sa part, affirme qu'il porte en lui au moins 30% de Bachtarzi. «C'était mon maître. Tout ce que je sais c'est lui qui me l'a appris.» Avant de revenir un peu en arrière pour rapporter une anecdote sur le tournage d'une scène du film L'Opium et le bâton de Ahmed Rachedi, et dans lequel Bachtarzi avait joué le rôle de Da Mohand. «Je me tenais dans un coin, et je regardais jouer ce monstre de la comédie qu'était Mahieddine. Je n'oublierai pas ces moments.» La soirée qui a été organisée, en présence de Mme Khalida Toumi, au Théâtre national d'Alger, en hommage à Mahieddine Bachtarzi, dont la prestigieuse salle porte le nom, réunissait un plateau riche. Depuis l'animation assurée avec brio par Hamidou jusqu'au récital donné par le ténor Mohamed Lamari qui arrivait de Genève et qui a interprété sa célèbre chanson El Djazaïria (L'Algérienne), en passant par Latifa, Samir Toumi, ou Mourad Djaâfri qui a chauffé la salle. Le discours de bienvenue, au nom de l'association El Djazaïr El Assima, a été lue par Yamina Belouizdad. On signalera que l'orchestre de l'Enrs était dirigé par M.Kechoud et que l'association El Djazaïria-El Moussilia drivée par M.Nasser Benmrabet a interprété une touchia ram maya, enkilab raml maya, un dardj rasd, puis deux insiraf et deux khlas. De quoi clôturer la soirée en beauté.