Le congrès national algérien des cardiologues libéraux, auquel ont été invités plusieurs spécialistes internationaux, aura permis aux professionnels algériens d'entretenir des échanges fort édifiants avec leurs homologues français, suisses et italiens. Cette rencontre, troisième du genre, dont les travaux ont eu lieu de mercredi à vendredi, s'est penchée particulièrement sur une «utilisation de médicaments plus adaptés». Il a été expressément recommandé de ne pas s'engouffrer dans une thérapie médicamenteuse tous azimuts, a expliqué un éminent praticien à L'Expression. Il insistera sur le mauvais mode alimentaire des Algériens qui «mangent de plus en plus mal» multipliant ainsi les facteurs de risque d'élévation du taux de cholestérol, assurant toutefois qu'il n'existe pas de «risque zéro». Il citera le triptyque préventif quotidien qui repose sur «zéro cigarette, 5 fruits et légumes et au moins 30 mouvements de gymnastique». Cette thérapie simple et pas très contraignante, fait écho aux recommandations à suivre pour lutter contre le cholestérol, thème autour duquel une rencontre s'est déroulée simultanément dans les mêmes lieux. Cette thérapie, a-t-il insisté, diminue d'au moins 80% les risques cardiovasculaires. Il conseillera surtout une «alimentation méditerranéenne (algérienne), qui est riche en légumes et en huile d'olive». Une éducation thérapeutique de circonstance est également conseillée, notamment après une crise cardiaque. Des exercices et des mouvements sont alors recommandés, car il ne faut surtout pas s'immobiliser et attendre «la prochaine crise». Il faut, a-t-il dit, ne pas tomber dans le «piège» tendu par l'industrie du médicament, à l'affût de gains. L'industrie pharmaceutique brasse en effet un chiffre d'affaires de 500 milliards de dollars. Aussi, faut-il faire attention au lobby pharmaceutique dont le marketing prend de plus en plus d'ampleur. Il faut relever que la progression des dépenses de santé est de presque 100%, un marché qui ne laisse pas indifférents les magnats du secteur. Il est impératif de savoir comment contrer ce qu'on appelle «la médicalisation» de la vie ou «la vente des maladies», sujet du livre de Jörg Blech, en 2005, «Inventeurs de maladies: manoeuvres et manipulations de l'industrie pharmaceutique» ou de l' article publié dans la revue médicale, bien connue des spécialistes, Plos Medicine intitulé «La fabrication des maladies». Les thèmes développés par les nombreuses communications ont concerné notamment «Coeur et sport», les «Troubles du rythme» et «La réadaptation» cardiaques ou encore «L'hypertension artérielle» et «le syndrome de l'apnée du sommeil (SAS)». Le SAS, présenté par le docteur français Bernard Vaisse, est une pathologie fréquente chez les sujets de plus de 50 ans, qu'on retrouve chez 30 à 50% des personnes hypertendues. Le Dr Aït Saïd (Paris) a présenté une communication relative au «Syndrome de Brugada» décrit par les spécialistes pour la première fois en 1992 et le Suisse Mikael Rabaeus a parlé de la réadaptation cardiovasculaire (inexistante aujourd'hui) qu'il faut rétablir car «notre mode de vie n'est plus adapté à notre capital génétique».