Décidément, le parti de Rached Ghannouchi multiplie les gaffes alors que la Tunisie est confrontée à une situation de crise sociale, économique et sanitaire, qualifiée par ses propres dirigeants de «catastrophique». Ennahdha a, attend-on appris, hier, conclu un nouveau contrat de lobbying, en date du 29 juillet, soit quatre jours après l'annonce par le président tunisien Kaïs Saïed du gel du Parlement pour trente jours et du renvoi du gouvernement Mechichi. Ce contrat établi avec l'agence de communication et de relation publique «Burson Cohn and Wolf», le 29 juillet à Washington, pour un montant de 30 000 dollars et une durée de 2 mois, doit permettre à la formation islamiste de bénéficier d'une aura démocratique auprès des institutions américaines et internationales, avec confirmation de son statut de victime expiatoire d'un coup d'Etat opéré par le président Saïed. Le contrat a été rendu public par le ministère américain de la Justice, sur son site, le 3 août dernier. Il a aussitôt soulevé une nouvelle vague d'indignation en Tunisie, certains y voyant un lien avec l'enquête engagée par le pôle judiciaire économique et financier à l'encontre des partis Ennahdha, Qalb Tounes et 3ich Tounsi, suspectés d'infractions et de financements illicites durant la campagne électorale. Comme si cela ne suffisait pas, après le couac assassin que le parti de Ghannouchi a vécu, dernièrement, en réclamant, au gouvernement tunisien, le paiement de plusieurs milliards de DT à titre d'indemnisations pour ses militants des «souffrances subies sous la dictature de Ben Ali». Cela se passait le 1er juillet dernier. Un de ses dirigeants, membre du Parlement, Abdelkrim Harouni, avait même fixé la date butoir du versement de ces indemnisations, à savoir le 25 juillet, jour de célébration de la fête nationale tunisienne. En fait d'indemnisation, le pays a eu droit à un discours, musclé et inattendu, du président Kaïs Saïed qui renvoyait, à la fois, les partis et le gouvernement Mechichi à leurs chères études. Avec une telle revendication, Ennahdha avait achevé de se décrédibiliser auprès de la société tunisienne, démontrant que ses intérêts passent avant toute autre considération et que son conseil de la Choura n'a que faire de la tragédie du peuple tunisien, confronté à un manque cruel de financements pour lutter contre la pandémie du coronavirus. La sommation et le montant exigé - 3 milliards de DT ou 3000 milliards, personne ne connaissait le montant réel - ont plongé le pays dans une consternation et une colère explosive contre le cynisme des dirigeants islamistes. Affolés par l'ampleur de la réaction, Ennahdha a vite démenti ses propres revendications, poussant ses milices et ses «baltagias» à intimider des médias hostiles. Mais le mal est fait qui annonce, en cas de prochaines élections, un effondrement spectaculaire du parti de Rached Ghannouchi tandis que la cheffe du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, surnommée par ses partisans la reine Didon, fondatrice de Carthage, poursuit sa montée spectaculaire dans les sondages.