Ouf de soulagement! La baisse de la courbe épidémiologique se confirme de jour en jour. Lundi dernier, les chiffres officiels du ministère de la Santé sont même redescendus sous la barre symbolique des 1000 contaminations journalières. Le nombre officiel de morts recensés, qui jusque-là n'avait pas suivi la tendance baissière des contaminations, à, lui aussi, diminué. Il est repassé sous la barre des 30 décès/jour. Une bonne nouvelle que confirment bon nombre de praticiens de la santé mobilisés dans cette guerre contre la Covid-19. «Il y a toujours une grande pression sur les services hospitaliers, mais elle est beaucoup moindre que celle des dernières semaines», soutient un médecin au CHU Mustapaha Pacha d'Alger. Chose que confirment bon nombre de ses collègues au niveau d'autres établissements sanitaires. Ils pensent, du moins espèrent, que le pic de cette troisième vague est déjà passé. «Si cette tendance baissière se confirme encore quelques jours, on pourra dire que l'on est effectivement en pleine décrue», attestent ces spécialistes. Le directeur de l'institut Pasteur Algérie (IPA), le docteur Fawzi Derrar, estime, lui, qu'il faudra que cette décrue se poursuive encore quelques jours pour que les hôpitaux puissent respirer. Le plus dur est-il donc derrière nous? Pas si sûr, le personnel soignant avertit sur le fait qu'il ne faut pas crier victoire trop tôt. «On est loin d'avoir fini avec cette troisième vague. Il y a toujours une grande tension sur l'oxygène, donc la vigilance est de mise», soutiennent-ils. De plus, le variant Delta, qui a la spécificité d'être ultracontagieux, est sur le point de devenir le seul variant qui circule dans le pays. «92% des cas de contamination sont dus au variant Delta», souligne le DG de l'IPA. Ce qui fait qu'un petit relâchement risque une nouvelle recrudescence de l'épidémie, voire une quatrième vague. Les chiffres actuels du ministère de la Santé sont faussement rassurants. Car, ils risquent de faire croire aux citoyens que la bataille de la troisième vague est finie. Ce qui les pousserait à laisser, encore une fois de côté, les gestes barrières. Comme cela a été le cas dans certains pays qui ont vu une forte augmentation des contaminations quelque temps à peine après être sortie d'une vague de Covid-19. Le Chili, qui pensait avoir atteint l'immunité collective, est le parfait exemple de ces pays qui ont crié victoire trop tôt. Chez nous, la situation est encore plus délicate du fait que l'accalmie du front sanitaire intervient dans une période où les Algériens célèbrent deux fêtes religieuses à 10 jours d'intervalle, Moharram et Achoura. Il s'agit de deux évènements où les regroupements familiaux sont de rigueur, avec, notamment des dîners réunissant toute la grande «smala». Cette année n'a pas dérogé à la règle. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont «exhibé» fièrement les photos de leur «réveillon», où les masques sans la distanciation sociale étaient inexistants. Si le couvre-feu sanitaire de 20h a dissuadé certains d'aller fêter le premier jour de l'année musulmane, d'autres ont carrément choisi de passer la nuit avec la grande famille ou chez les amis. Cela est d'autant plus vrai que le lendemain est férié. D'ailleurs, certains ont reporté le dîner du Moharram pour un déjeuner le jour d'après. Concernant la fête de la achoura, les choses risquent d'être pires du fait que cela intervient durant un long week-end. Bon nombre de citoyens pourraient profiter de l'occasion pour aller au «bled» rendre visite à la famille. La circulation du virus risque de s'accélérer ce qui mènera à la même situation que l'après-Aïd El Adha avec une augmentation très importante des contaminations. Les autorités sanitaires vont-elles prendre des mesures spéciales pour Achoura? En tout cas, les Algériens doivent faire preuve de prudence en continuant d'adopter les gestes barrières. Tant que l'on n'a pas atteint l'immunité collective avec la vaccination de 60% de la population globale, tout petit relâchement risque de nous être fatal. Une 4e vague de la Covid-19 serait un vrai désastre pour le pays, déjà bien affaibli par cette terrible 3ème vague. le personnel de la santé est au bord de la rupture. Epuisé moralement et physiquement, il est en train de perdre de plus en plus de soldats. 266 médecins algériens sont morts (dont 82 ont été emportés par cette 3ème vague) de la pandémie de coronavirus qui est loin d'être terminée. Alors, protégez-vous, vaccinez-vous!