Les recettes des hydrocarbures engrangées par l'Algérie l' ont mise sur orbite. Coup sur coup, l'Algérie gagne la confiance des Américains et des Européens concernant «le risque» qui pourrait toucher leurs ressortissants, tout en donnant l'image d'un pays solvable et hautement «recommandable» à la faveur des dernières dettes publiques payées au Club de Paris rubis sur l'ongle. La France et l´Algérie ont signé jeudi un accord sur le remboursement anticipé par l´Algérie d´une dette de 1,3 milliard d´euros, dans la foulée de l´accord multilatéral conclu peu avant au Club de Paris, cet accord prévoyant le remboursement de cette dette au 31 mai 2006. Le Club de Paris, qui rassemble 19 pays créanciers, avait annoncé peu auparavant avoir accepté le principe du remboursement anticipé par l´Algérie de sa dette de près de 8 milliards de dollars. Mais il revient, au final, à chaque pays créancier, de décider s´il accepte ce paiement anticipé ou non. Les principaux créanciers de l´Algérie dans le Club sont l´Italie (1,7 milliard de dollars), la France (1,6 milliard USD) et les Etats-Unis (1,2 milliard USD). La dette algérienne avait été rééchelonnée en 1994 et 1995. Concernant le risque-pays, et en décidant de rouvrir son consulat à Alger et traiter sur place les demandes de visa, la Grande-Bretagne a rétabli le contact rompu brutalement, il y a quelques années lorsqu'elle décida de fermer sa représentation à Alger, suite à des informations de menaces qui auraient pesé sur elle, tout en multipliant les contacts en vue de l'accord d'extradition entre Alger et Londres. Paris aussi fait des efforts pour améliorer l'octroi des visas aux Algériens, alors que de son côté, Washington, dans ses dernières «Travel Warning», élaborées par le département américain, fait de l'Algérie une destination sûre, alors qu'il y a moins d'un an, le même «bulletin de voyage» donnait un avis très circonspect et conseillait aux ressortissants américains désireux de se rendre en Algérie de faire très attention. Les deux visites, de Donald Rumsfeld, d'abord, puis de Jack Straw, ensuite, ont été bénéfiques pour Alger sur plusieurs plans. On constate déjà que, dans la foulée, les escales des navires de guerre de l'Otan, programmées certes, depuis longtemps, reprennent de plus belle, avec la venue, cette semaine, de la frégate britannique HMS St-Albans et du bâtiment de guerre italien HS Axios faisant partie du groupe naval Snmcmg-2 de l'Otan. Au début de l'année, un numéro de Risques internationaux, une revue française spécialisée, avait publié une liste dans laquelle l'Algérie gagnait plusieurs points et se plaçait, au plan sécuritaire et économique, comme un pays au bilan modéré et au faible risque d'insolvabilité. La revue spécialisée, très prisée par les investisseurs privés, aussi bien français qu'européens, et au capital confiance qui se place au même titre que la Coface, prend en ligne de compte les événements politiques, économiques et sociaux qui ont secoué le pays durant les derniers douze mois. Le risque est considéré, également, modéré tant sur le court terme que le long terme. Tel est le jugement porté sur l'Algérie pour l'exercice 2006 dans le numéro de décembre 2005 de Risques internationaux, évaluant les «risques pays» pour l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Asie, l'Europe de l'Est et l'Amérique latine. Une centaine de nations, communément appelées pays en voie de développement, sont passées à la loupe. Le rapport élaboré prend en compte les indicateurs macroéconomiques, le comportement des opérateurs et les facteurs politiques, sociaux et juridiques. Quant aux risques par pays, ils sont évalués en fonction de trois variables. La première concerne la croissance, le dynamisme et l'ouverture du marché. La deuxième porte sur les risques de marché tant macroéconomiques que financiers, tandis que la troisième se projette sur les risques sociaux, politiques, juridiques et géopolitiques. Une situation apparemment satisfaisante pour l'Algérie qui reprend petit à petit sa place de pays attractif et, pour peu que la manne pétrolière continue à générer les milliards et l'embellie sécuritaire à se maintenir, l'Algérie sera facilement à la tête des pays arabes et africains à attirer les capitaux. Les barrières douanières et tarifaires que l'Algérie est en train de faire tomber entrent dans cette logique d'attraction, de même que la politique de paix et de réconciliation nationale qui est en train d'assécher les dernières poches du terrorisme islamiste. L'agressivité dont fait preuve aujourd'hui l'Algérie est motivée par une volonté politique de regagner le terrain perdu depuis 1992 et de mettre fin à sa mise au ban des nations dont elle a été gratifiée pendant toute la durée de la guerre civile. Avec notamment 500 terroristes abattus en 2005, la situation sécuritaire est rétablie sur l'ensemble du pays, malgré la persistance d'attaques dans les wilayas limitrophes à l'Algérois et des poussées de violence épisodiques dans les régions à forte concentration Gspc.