Les propositions du FLN touchent à la nature du régime politique et à la séparation des pouvoirs. Le FLN a définitivement opté pour un régime présidentiel. Belkhadem le dit sans détours. Lors de la cérémonie de remise du rapport de la Commission «des systèmes constitutionnels» par son président, le sénateur Bouzid Lazhari, au secrétaire général du FLN, les grands axes du projet ont été dévoilés à la presse. Il s'agit de l'organisation des pouvoirs, jugés trop ambigus, pour le goût du parti de la majorité, dans la Constitution actuelle rédigée à la hussarde dans les conditions sécuritaires que tout le monde connaît. Le projet insiste également sur le contrôle, en donnant au Parlement des prérogatives plus étendues, sur l'enracinement des droits de l'homme dans la société et, enfin, sur le rôle du Conseil constitutionnel, considéré un peu sclérosé par la mission rigoureuse qui lui est assignée, selon la présentation de Lazhari. Belkhadem a pris la parole pour donner un éclairage sur les options du FLN en matière constitutionnelle. Sans aller jusqu'à dévoiler le contenu -qui ne pourrait se faire qu'une fois remis au président de la République- il a confirmé ainsi le choix de son parti pour un régime présidentiel. Le président élu au suffrage universel, aura à gérer directement l'Exécutif. Il désignera un Premier ministre qui sera chargé de la coordination de l'équipe gouvernementale. La question de la vice-présidence a été posée. Belkhadem a énuméré trois options: le «ticket», c'est-à-dire le mode électif et du président et de son vice-président, la nomination du vice ou des vice selon les voeux du président avec un cahier des charges précisant les prérogatives, et enfin, l'option sans. La mission de l'APN est également clarifiée. Elle assumera définitivement sa mission de contrôle sur l'action du gouvernement. Selon Belkhadem, la prochaine Constitution donnera plus de pouvoirs au système de contrôle des institutions pour plus d'efficacité dans la gestion. Le FLN est pour le maintien du Conseil de la nation. Mais il veut lui donner d'autres missions de représentativité régionale. Il met l'accent en outre sur la cellule paritaire entre les deux chambres et l'Exécutif. Il veut lui confier une tâche plus souple. En l'état actuel des choses, lorsqu'une loi est rejetée par le Sénat, elle est vite oubliée dans la cellule paritaire et personne ne s'en soucie. La régionalisation n'est pas incluse dans le nouveau texte. Mais le SG du FLN laisse entendre qu'elle sera codifiée dans les projets d'amendement des codes de wilaya et des APC.Il va sans dire que toutes les lois devront être revues afin de les mettre en conformité avec le nouveau texte de la Constitution, dès qu'il sera plébiscité. Comme il fait état de nouveaux articles en insistant beaucoup sur «l'approfondissement de la pratique démocratique» dans la vie politique en restant très vigilant sur l'aspect de la représentativité dans les institutions. S'agissant de renouvellement du mandat du président de la République, Belkhadem rappelle que son parti est partant pour un troisième mandat. Il n'y a aucun doute là-dessus. Toutefois, il souligne: «Nous insistons sur l'action du président. Si les électeurs sont satisfaits ils n'ont qu'à lui renouveler leur confiance. S'ils ne le sont pas, il faut que l'alternance soit également garantie». Désormais les options du FLN sont claires. On aspire à plus de démocratie en étendant les pouvoirs de contrôle et en élargissant les pans de représentativité populaire. Ces options semblent tendre vers un régime semblable au système américain. Belkhadem ne trouve aucun mal à profiter de l'expérience des autres si la formule peut convenir aux souhaits des électeurs. Le mot «électeurs» revient comme leitmotiv dans les propos de Belkhadem. Il ne s'agit pas de glissement sémantique mais de convictions afin de réhabiliter l'éthique en politique. C'est peut-être le péché capital d'une classe politique peu soucieuse de la vox populi.