Le spectacle est à la fois impressionnant et émouvant. De mémoire d'homme, l'Algérie n'a pas connu un pareil sursaut de solidarité. Cet élan ne cesse de croître à telle enseigne que les routes qui longent la capitale du Djurdjura sont encombrées par l'arrivée des camions, des semi-remorques, des fourgons. Chargés de denrées alimentaires et d'effets vestimentaires, ces véhicules affluent de toutes les wilayas du pays. Quelle phénoménale démonstration d'unité nationale et de la cohésion du peuple algérien si précieux en ces moments de déferlement de haine nourrie par les démons de la division et exécuté par une poignée de barbares! À chaque fois que l'Algérie se sent mal, elle convoque ce qu'elle a de plus précieux inscrit dans ses gènes: la solidarité agissante. C'est sa digue protectrice sur laquelle est venue se fracasser le complot raciste savamment orchestré contre l'Algérie. Depuis 6 jours, Tizi Ouzou et près de 16 autres wilayas du nord du pays sont en proie à des incendies criminels. Sous des températures caniculaires, ces feux attisés par des vents particulièrement forts ont ravagé la Kabylie avec le macabre bilan de 70 morts, des milliers de blessés sans compter les dégâts matériels énormes. Des milliers de villageois ont dû abandonner précipitamment leurs domiciles brûlés alors que leurs bestiaux ont été calcinés et leurs vergers réduits en cendres. Une immense catastrophe dont la Kabylie mettra des années à s'en remettre. Comme un drame n'arrive jamais seul, à ce désastre, à cette désolation est venu s'ajouter un crime barbare, un acte innommable. Dans des conditions apocalyptiques, l'irréparable arriva, mercredi dernier, à Larbaâ Nath Irathen. Djamel Bensmaïl, un jeune artiste, 35ans, originaire de Miliana, injustement accusé, a été lynché de la manière la plus barbare qu'il soit, sur la place publique. Ces monstres, sans cervelle, chauffés à blanc par une foule en délire, auraient lynché leur propre mère ou père dans les mêmes conditions. De cruels inhumains. Ces monstres doivent être vite identifiés et jugés par la République et non par un tribunal de rue. Il ne manquait que ce drame inhumain pour réveiller les forces du mal tapies dans l'ombre et pousser un peu plus vers le chaos cette Algérie meurtrie et consumée par un brasier. Une fois la barbarie commise, les cerveaux du chaos entament la deuxième phase de leur plan machiavélique. On a vu l'horreur dans des images insidieusement relayées en boucle sur les réseaux sociaux, accompagnées de commentaires d'une rare violence. La stratégie de ces officines voulant morceler l'Algérie est claire: il fallait d'abord casser l'élan de solidarité qui allait enterrer pour de bon les tentatives de division, ensuite exacerber le racisme comme ultime arme destructrice dirigée contre l'Algérie. Echec total du complot. Le réflexe solidaire des Algériens est demeuré intact. Qui est plus affligé, plus touché que le père de la victime, Djamel Besmaïl? Ce Monsieur, d'une remarquable dignité a su trouver les mots justes qui ont fait éviter un iceberg fatal au bateau Algérie dans un océan en furie. C'est peu dire qu'il mérite une distinction et les honneurs de la République, car malgré son immense peine il a su apaiser la colère des Algériens et éteint les feux de la discorde. Respect Monsieur, respect! Cette grandeur d'âme doit trouver son écho auprès des citoyens de Larbaâ Nath Irathen. Eux-mêmes victimes de cet acte ignoble, les citoyens de cette région d'Algérie ne peuvent pas tolérer cet acte abject. Ils en souffrent comme tous les Algériens. Ils doivent le faire savoir et agir vite par une action retentissante pour lever tous les amalgames et panser les blessures. N'est-il pas souhaitable que les notables de la région et les élus présentent des excuses publiques d'abord aux parents de la victime ensuite à l'Algérie; ce ne seront qu'un baume aux coeurs blessés par tant d'épreuves. La vigilance des Algériens est plus que jamais de mise.